Abandon de la proposition de loi "non fait maison": "Un véritable scandale" pour Stéphane Manigold

Il n’y aura pas écrit "non fait maison" sur les plats industriels proposés sur certaines cartes, dans les restaurants. La proposition de loi qui voulait rendre obligatoire cette mention a été purement et simplement retirée juste avant son passage en commission à l’Assemblée nationale, ce mardi. Des syndicats dénonçaient une proposition de loi "trop négative", "écrite sur un coin de table", "stigmatisante et dangereuse" pour certains commerces déjà fragiles. Au cabinet de la ministre Olivia Grégoire, on "prend acte du retrait de cette proposition de loi qui portait en elle une belle ambition, celle d'une meilleure transparence au service des consommateurs".
Restaurateur, membre des Grandes Gueules sur RMC, Stéphane Manigold s’insurge après l’abandon de cette idée. "Le consommateur ne peut pas savoir si le restaurateur a cuisiné ou si c’est le micro-ondes qui a tourné 30 secondes avant, souligne-t-il dans Apolline Matin. Je suis ulcéré parce que c’est une victoire des industriels. En aucun cas, ce n’est la position de l’artisanat français. C’est un coup de poignard dans le dos, dans le cœur, de l’artisanat, des Français et des Françaises, qui régulièrement sont frappés par la crise énergétique, l’impact du PGE, des charges sociales et patronales. C’est un véritable scandale."
Et Stéphane Manigold cible notamment le chef étoilé Thierry Marx, président de l’UMIH (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie). Je n’en fais pas une affaire personnelle mais je rappelle qu’il est payé plus de 10.000 euros par mois par l’UMIH. J’en fais partie mais je suis en colère. Je me suis fait exclure du conseil d’administration il n’y a pas très longtemps puisque j’ouvre ma gueule. Si je dois l’ouvrir publiquement, c’est parce que ce débat n’a pas eu lieu à l’UMIH."
"Le consommateur a besoin de savoir"
"On leur a servi la soupe, aux industriels, ajoute Stéphane Manigold. Ce n’est pas pour les riches, c’est pour tout le monde. La restauration ne peut pas être le dernier pan de l’économie française qui reste dans l’opacité. Ce n’est pas possible. A Paris, de nombreuses brasseries affichent fièrement glaces Berthillon. Tout le monde sait que Berthillon, ça n’a pas été fait dans la brasserie par le restaurateur. Thierry Marx, à Madame Brasserie, son restaurant à la tour Eiffel, il affiche que le pâté en croûte est de chez Gilles Vérot. Le consommateur a besoin de savoir. Il doit savoir si c’est un industriel ou un artisan."
A l’inverse, Paul Boivin, délégué général de la fédération des entreprises de boulangeries, est rassuré après le retrait de cette proposition de loi sur le "non fait maison". "C’est un texte qui est sorti d’on ne sait pas où, d’un coin de table, qui aurait pu extrêmement grave pour les professionnels. Le premier outil de communication des professionnels, c’est leur carte, leur menu. Si vous commencez à pourrir ce support, imaginez la réception par le public. Ce n’est pas acceptable." Pendant que ce texte est vidé de sa substance selon ses défenseurs, une autre proposition de loi est toujours en attente d'examen. Même philosophie, mais pas le même nom. Elle propose d'apposer le label "pré-cuisiné" sur les plats non faits maison.