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Assemblée nationale: pourquoi Elisabeth Borne ne craint pas la motion de censure

Une motion de censure contre Elisabeth Borne a été déposée par des députés de la gauche et sera étudiée ce lundi après-midi à l'Assemblée nationale. Mais elle ne devrait pas être votée par une majorité de députés à l'Assemblée nationale, ce lundi. Sauf énorme surprise, la Première ministre et son gouvernement resteront bien en place.

Nouvelle épreuve ce lundi à l’Assemblée nationale pour Élisabeth Borne. Après son discours de politique générale la semaine dernière, elle fait désormais face à ses opposants. Et en particulier ses opposants de gauche, les députés de la Nupes, qui ont déposé une motion de censure, étudiée à partir de 16 heures ce lundi.

Et la Première ministre sera sans doute un peu seule. “Cette motion, c’est de l’entre-soi”, rigole un député Renaissance, qui séchera, comme beaucoup de ses collègues de la majorité. “Si j’étais chef du groupe LREM, j’aurais même interdit de venir, pour laisser la gauche discuter seule entre elle”, ajout-t-il.

La Première ministre ne pourra pas non plus compter sur des ministres de poids à ses côtés, comme c’est pourtant la tradition. Nombre d’entre eux, comme Bruno Le Maire, seront à Versailles pour le sommet Choose France.

Alors concrètement, à quoi sert cette motion de censure ? Si la majorité absolue des députés la vote, la Première ministre et son gouvernement devront démissionner. Mais elle est déposée par la gauche et uniquement la gauche. Donc le RN et LR ne la voteront pas. Elle n’a donc aucune chance d’être adoptée.

"Ça permet de savoir quelle est la véritable opposition au gouvernement”, justifie pourtant un Insoumis. Un socialiste ajoute: “Ceux qui refusent de la voter soutiennent donc le président”. Ce qui fait rire un député RN qui questionne faussement: “Qui peut croire que nous soutenons Emmanuel Macron ?”. "Cette motion, ce n’est que du temps perdu", poursuit-il.

Une popularité grandissante

Dans l’histoire, sur une soixante de motions de censure déposées depuis 1958, une seule a été votée. Bref, sauf énorme surprise, ce sera donc une formalité pour Élisabeth Borne.

D’autant plus que ça s'est bien passé la semaine dernière quand elle est montée à la tribune. “Je me suis bien amusée”, voilà comment elle résumait ce week-end son discours de politique générale. Plutôt à l’aise sur le moment, avec des petits sourires esquissés. "Avec des collègues députés, on était inquiet, et au bout de 10 minutes, on a changé d’avis", confie un marcheur. "Evidemment, elle ne fait pas vibrer les foules, on ne va pas la mettre au Crazy Horse, ajoute-t-il. Mais elle sait cadrer, elle sait manager”.

Des marcheurs rassurés et des LR surpris. À bas mots, une députée de droite reconnaît: “Élisabeth Borne a gagné des points, elle a su montrer qu’elle était authentique, sincère”. Sincère, comme lorsqu’elle pense que les micros sont éteints et qu’elle ironise sur “les questions connes” des journalistes. Une scène qui la rend plutôt sympathique.

Une petite popularité, mais pour combien de temps? L’engouement n’est pas partagé par tous dans l’opposition. Par exemple, un élu Nupes ne voit que de la “raideur” chez Élisabeth Borne. Quant à un proche de Marine Le Pen, il a surtout le sentiment que ses soutiens utilisent la méthode Coué: “La majorité essaie de se rassurer comme elle peut en se disant qu’elle est plus solide qu’il n’y paraît”.

Qu’importe, cette popularité peut durer, jure un marcheur, à condition “qu’elle se constitue une bande, des parlementaires vraiment derrière elle, comme des amis”. Ce dernier lui conseille “de faire du Jean Castex": "On a envie de la voir au café ou même de monter à cheval".

Le service politique de RMC