Comment Macron veut faire de l'exploration des fonds marins l’une des priorités de son grand plan d'investissement

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Emmanuel Macron veut relancer l'exploration marine. C'est ce qu'il a annoncé à l'occasion de la présentation de son grand plan d'investissement "France 2030". Il faut mesurer l'enjeu… 70% de la surface du globe est sous les océans. Et on en connaît que 20%, essentiellement près des côtes. Pour le reste, c’est très approximatif.
Il faut dire qu’on est en terrain hostile. Des abysses, des fosses, des canyons l’obscurité sur plusieurs kilomètres de profondeur. On pourrait mettre l'Everest sous la mer. Et la France a de quoi explorer… puisqu’avec les Outre-mer nous avons le deuxième plus grand espace maritime au monde.
- Que peut-on trouver à ces profondeurs?
D'abord des réponses scientifiques, pour mieux comprendre la vie sur terre, découvrir des écosystèmes inconnus, mieux étudier l’impact de la pollution, et puis l'océan, on sait que c’est l’une des clés du changement climatique. Toute cette recherche, c’est la mission de l'Ifremer, l'Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer qui envoie des robots et des drones sous la mer. Le tout dernier s’appelle ULYX, il est doté d’intelligence embarquée, il a coûté plus de 5 millions d’euros, il peut rester seul sous l’eau pendant 48h et aller jusqu’à 6.000m de profondeur, pour prendre toutes sortes de mesures.
- Voilà pour la partie, la plus présentable
Pourquoi? Parce que d’autres enjeux se cachent derrière? Vous imaginez bien que l'économie n’est pas bien loin, quand on annonce de tels investissements. Ces fonds marins regorgent aussi de trésors, de ressources. Du cuivre, du nickel, du lithium, du cobalt et d’autres métaux rares encore, dont on va avoir massivement besoin dans les décennies qui viennent, puisqu’ils sont devenus essentiels à la fabrication de nos smartphones, de nos batteries, de nos véhicules électriques.
On en a aussi besoin pour les panneaux solaires, et les éoliennes. Aujourd’hui ces métaux rares sont extraits dans des mines en Chine, ou en Afrique dans des conditions catastrophiques pour l’environnement. Et ils sont menacés de pénurie
- Du coup tout le monde s'y intéresse
La prochaine ruée vers l’or risque bien d’être sous-marine. Alors, aujourd’hui, aller installer une mine à plus de 1000 mètres sous l’eau, ca n’est pas encore techniquement faisable ni rentable. Mais l’enjeu n’a pas échappé aux industriels et aux états.
La Norvège par exemple, pourrait accorder dès 2023 des licences à des entreprises intéressées par cette exploitation minière en eau profonde. Le Japon a des plans similaires pour 2026. Au Canada, une entreprise a levé 150 millions de dollars pour explorer le Pacifique. La course est lancée et la France cherche à rattraper le peloton.
- Quel impact écologique?
Sauf que ça risque de ne pas être beaucoup plus écolo, d’aller construire des mines au fond des mers. C'est l’alerte que lancent les ONG de défense de l’environnement. On a aucune idée de l’impact, d’autant que, je vous le disais, on connaît très peu les écosystèmes des profondeurs.
Et c’est exactement pour cette raison qu’Emmanuel Macron a bien pris soin hier de parler d'"exploration" et non pas d’exploitation. Mais on comprend bien qu'explorer c'est aussi préparer la suite.
La preuve : en septembre, L’Union internationale pour la Conservation de la Nature, une organisation dont la France est membre, a adopté un moratoire sur la délivrance de permis d’exploitation. La France ne l’a pas voté: elle s’est abstenue.
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