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Je suis ressortie salie: le témoignage glaçant de Gaëlle, victime du gynécologue parisien visé par plusieurs plaintes pour viols

DOCUMENT RMC - Lors d'un examen gynécologique, Gaëlle a subi des violences sexuelles de la part d'un praticien reconnu par ses pairs. La notoriété du gynécologue l'a pendant longtemps empêchée de dénoncer les actes.

Une nouvelle plainte pour viol a été déposée contre le professeur de gynécologie Emile Daraï, chef du service à l'hôpital Tenon à Paris, et figure de la profession. Depuis quelques semaines, de nombreux témoignages de patientes affluent auprès du collectif "Stop aux violences gynécologiques" pour dénoncer les agissements du gynécologue.

C'est le cas notamment de Gaëlle qui, après douze ans de souffrances liées à une endométriose, rencontre le praticien pour une consultation de la dernière chance, convaincue que le professeur émérite parviendrait à soigner sa maladie:

"L'examen vaginal a été très douloureux. Il ne m'a pas demandé mon consentement. Sans qu'il ne me prévienne, il a pratiqué un examen anal également très douloureux. J'ai un moment donné reculé et il a forcé. Je fixais le plafond et il m'a demandé de le regarder dans les yeux pour que, lui, prenne du plaisir.
J'ai eu plusieurs examens et jamais je n'en suis ressortie pliée en deux, en larmes. Jamais je n'en suis ressortie salie comme je l'étais après cette consultation", raconte-t-elle à RMC.

"Se faire soigner ne doit plus jamais être un traumatisme"

Pendant des mois, Gaëlle abandonne traitements, soins et se mure dans le silence. Persuadée que sa parole ne fera pas le poids face à ce gynécologue réputé:

"Pour moi c'était 'le Professeur', donc qui étais-je pour porter plainte contre lui? Jamais de ma vie je n'aurai pensé qu'un médecin puisse se comporter de cette manière. On est malades, on est là pour se faire soigner. Il faut qu'il arrête, il faut qu'il soit condamné".

Gaëlle va donc porter plainte et invite comme elle toutes les victimes présumées à se confier. "Se faire soigner ne doit plus jamais être un traumatisme", dit-elle.

"Le professeur a appris par la presse que des plaintes ont été déposées contre lui"

Spécialiste de l'endométriose, chef de service gynécologique-obstétrique et médecine de la reproduction à l'hôpital Tenon, Emile Daraï "conteste fermement les accusations portées contre lui" par d'anciennes patientes, a indiqué son avocat dimanche dans un communiqué. "Il s'en expliquera dans le cadre des enquêtes ouvertes par le parquet de Paris, l'AP-HP (Assistance publique - Hôpitaux de Paris) et Sorbonne Université", précise son avocat, Me Alain Jakubowicz. 

À ce jour, près de 110 femmes dénoncent la brutalité du professeur dans ses gestes et son attitude, jusqu'à des viols pour certaines, dans le cadre d'examens médicaux. Seules trois d'entre elles ont déposé plainte à ce jour.

A la suite de la première plainte, le parquet de Paris a ouvert le 28 septembre une enquête pour "viol par personne ayant autorité sur mineur de plus de 15 ans". Les investigations ont initialement été confiées à la Brigade de protection des mineurs (BPM). Après une seconde plainte reçue le 30 septembre, le parquet de Paris a élargi cette enquête à l'infraction de "viol en réunion" et les investigations ont été reprises par le 2e district de police judiciaire (2e DPJ).

Selon son avocat, le professeur "a appris par la presse que des plaintes ont été déposées contre lui pour viol, touchers vaginaux et rectaux sans consentement, gestes brutaux et actes de maltraitances verbales et psychologiques". "Alors que son nom est jeté en pâture sans la moindre réserve, il ignore tout des faits dont on l'accable, sous couvert de l'anonymat de celles qui les dénoncent", ajoute Me Jakubowicz. "Si la parole des plaignantes doit être entendue, elle ne constitue ni une vérité absolue, ni une preuve", souligne le conseil du professeur.

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Jean-Baptiste Bourgeon (avec Guillaume Dussourt)