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De la Croisette à l'Assemblée, le gouvernement peine à tourner la page des retraites

La Française Justine Triet a remporté samedi la Palme d'or à Cannes pour "Anatomie d'une chute", devenant la troisième réalisatrice sacrée de l'histoire du Festival.

La Française Justine Triet a remporté samedi la Palme d'or à Cannes pour "Anatomie d'une chute", devenant la troisième réalisatrice sacrée de l'histoire du Festival. - CHRISTOPHE SIMON / AFP

A quelques jours de l'étude en commission du texte voulant abroger l'âge légal à 64 ans, la question de la réforme du système des retraites est revenu dans le débat public avec les propos de la réalisatrice Justine Triet, palme d'or à Cannes, alors même que le gouvernement estimait que cette page était tournée.

C'est un peu le sparadrap du capitaine Hadock version gouvernementale: le sparadrap des retraites dont l'exécutif n’arrive pas à se débarrasser. Alors que personne ne s’y attendait vraiment le sujet est revenu samedi soir comme un boomerang, diffusé en direct dans le monde entier en pleine célébration du cinéma français.

A peine après avoir reçu sa palme d'or au festival de Cannes pour son film "Anatomie d'une chute", la réalisatrice Justine Triet a fustigé la politique du gouvernement sur les retraites et la culture:

"Le pays a été traversé par une protestation historique extrêmement puissante et unanime de la réforme des retraites (qui a été) nié et réprimé de façon choquante", a-t-elle déclaré.

Elle a également dénoncé la "marchandisation de la culture que le gouvernement néolibéral défend" et qui est en train "de casser l'exception culturelle française". Une phrase qui a "estomaqué" la ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, qui juge son discours "ingrat et injuste" :

"Heureuse de voir la Palme d'or décernée à Justine Triet, la dixième pour la France! Mais estomaquée par son discours si injuste. Ce film n'aurait pu voir le jour sans notre modèle français de financement du cinéma qui permet une diversité unique au monde. Ne l'oublions pas", a-t-elle écrit sur Twitter.

Le gouvernement voulait tourner la page

Quand on voit les réactions politiques suscitées par les déclarations de la réalisatrice Justine Triet, palme d'or au festival de Cannes on voit bien que les plaies sont encore à vif au sein d'un exécutif qui voulait pourtant donner l’impression ces dernières semaines que la page de la réforme des retraites était tournée.

"Les français l’ont avalé", expliquait même récemment - en petit comité - un ministre important, analyse visiblement un peu rapide.

En tout cas, cette piqure de rappel venue de la Croisette est clairement un nouvel avertissement pour le gouvernement. A une dizaine de jours maintenant de la prochaine manifestation du 6 juin prochain et au moment où la majorité cherche par tous les moyens à saboter une proposition de loi visant à abroger le passage de l’âge de la retraite à 64 ans. La bataille des retraites n’est pas encore tout à fait terminée.

Jérémy Trottin