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Retraites: comment la majorité veut empêcher le vote de la proposition de loi du groupe Liot

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Les députés de la majorité se réunissent ce mardi pour établir la stratégie pour contrer la proposition de loi du groupe Liot, qui doit arriver à l'Assemblée le 8 juin. Plusieurs options s'offrent à eux et notamment la stratégie de l'obstruction, qui ne serait pas sans rappeler celle de la Nupes au moment de l'examen de la réforme des retraites.

Les députés de la majorité se réunissent ce mardi, avec une question dans toutes les têtes: comment faire face à la proposition du groupe Liot qui veut abroger la réforme des retraites?

La majorité cherche tant bien que mal la meilleure stratégie pour contrer cette proposition de loi le 8 juin prochain. L'enjeu, c'est surtout d'éviter les dissensions internes comme lors du débat sur la réforme des retraites. Alors pour éviter tout couac, les députés Renaissance, Modem et Horizons vont donc débattre en amont et tenter de se mettre d'accord.

Mais ça ne va pas être simple parce que les avis sont très partagés. Trois options s'affrontent. La première, laisser le texte être examiné et voté avec le risque que la proposition de loi soit adoptée. Le texte ne passerait pas l'obstacle suivant au Sénat, mais un vote à l'Assemblée serait un symbole politique très fort, peut-être trop fort.

Une députée anticipe déjà. "Ce vote n'empêchera pas l'application de la réforme, ce sera la catastrophe, les gens auront du mal à comprendre les décisions prises”, indique-t-elle.

Alors une autre partie de la majorité privilégie la deuxième option: l'obstruction. C'est-à-dire faire durer les débats assez longtemps pour dépasser l'heure fatidique de minuit. Après cela, impossible de voter le texte. “Je ne suis pas fière de faire ce type de chose, mais c'est la moins pire des solutions", soupire une députée. Un autre assume franchement. "C'est cocasse. On nous a dit que deux semaines de débat, ça ne suffisait pas, et on voudrait régler la réforme des retraites en une journée", ironise-t-elle. Mais l'obstruction, c'était justement la méthode utilisée par la Nupes pour empêcher l'avancée des débats au mois de mars. Ce qui refroidit une bonne partie de la majorité.

Un article de la Constitution pour empêcher l'étude du texte

La troisième possibilité, c'est de tuer dans l'œuf cette proposition de loi. C'est d'ailleurs le souhait d'un ministre de premier plan. L'idée, invoquer un article peu connu de la Constitution: l'article 40. Il permet de bloquer une proposition de loi qui créerait une nouvelle dépense pour l'Etat. Et pour plusieurs députés, abroger la réforme des retraites, ce serait 15 milliards en moins dans les caisses. Si cet article est finalement activé, le texte ne serait alors même pas étudié dans l'hémicycle.

Mais cette solution est loin de faire l'unanimité, alors que la cicatrice du 49.3 est encore béante. "Toute tentative de manipuler ou d'utiliser les procédures va se retourner contre nous", explique un député macroniste.

Bref, aucune option n'est vraiment idéale et une cadre de la majorité en est bien consciente: dénoncer un coup de communication de l'opposition ne suffira pas à convaincre.

Romain Cluzel