Devoir d’exemplarité: "Il faudra demander à mon épouse" répond Gérald Darmanin
"Il y a un devoir d’exemplarité des responsables politiques". Après le départ du gouvernement de Damien Abad, c’est le message qu’a souhaité faire passer la Première ministre Elisabeth Borne auprès du site "Elle" ce lundi. L’ex-ministre des Solidarités est accusé de viols. Et une enquête a été ouverte pour tentative de viol. D’autres membres du gouvernement sont ou ont été mis en cause, comme Chrysoula Zacharopoulou (accusée de viols dans le cadre de son activité de gynécologue), Eric Dupond-Moretti (mis en examen pour prise illégale d'intérêts), et Gérald Darmanin (non-lieu requis après une plainte pour viol, harcèlement sexuel et abus de confiance).
"Oui, sans doute, la Première ministre a raison (sur l’exemplarité), explique le ministre de l’Intérieur ce mardi sur RMC-BFMTV. Moi, je suis très attaché à la présomption d’innocence. Et ça vaut pour tout le monde, y compris pour M. Coquerel (le député LFI est visé par une plainte pour harcèlement sexuel, ndlr). Le procès qui lui est intenté est sans doute très dur à vivre pour lui. S’il est responsable pénalement, il sera condamné. C’est un adversaire, peut-être un ennemi, il ne me serre pas souvent la main et il est très dur avec moi depuis cinq ans. Même M. Mélenchon l’a dit, ce genre de procès public est parfois gênant. Je comprends la Première ministre. Notre difficulté, c’est à la fois d’écouter la parole des femmes, et on y met beaucoup de moyens au ministère de l’Intérieur, mais les procès ne se rendent pas sur Twitter. Donc est-ce que je suis exemplaire ? Il faudra le demander à mon épouse. Ce qui est certain, c’est qu’on a un équilibre fragile à trouver entre la présomption d’innocence, la garantie de notre démocratie, et l’écoute de ceux qui ont à se plaindre. On est rarement juge de sa propre exemplarité. La Première ministre et le président de la République ont demandé à Damien Abad de ne plus faire partie du gouvernement. (Damien Abad n’avait plus sa place ?) Je n’ai pas à commenter cela. Ils ont eu leurs discussions. Au bout d’un certain temps, la pression est très forte et parfois elle empêche de faire son travail."
"Il ne faut pas non plus galvauder la présomption d’innocence"
"Je constate que j’ai eu quatre décisions de justice de suite depuis cinq ans qui ont été favorables à ma présomption d’innocence, ajoute Gérald Darmanin à propos de son cas personnel. M. Coquerel et M. Abad ont toujours nié les comportements qu’on leur prêtait. Qui dit vrai ? La justice le dira très certainement et ça prendra du temps, malheureusement. (…) La parole des femmes est à entendre, comme celle des enfants et parfois celle des hommes. Il ne faut pas non plus galvauder la présomption d’innocence."
Plus largement, Gérald Darmanin estime que "la vie publique est faite d’extrême violence". "Il ne faudra pas s’étonner qu’un certain nombre de personnes ne veulent plus être ministres ou ne veulent plus faire de politique, selon le ministre de l’Intérieur. Vous vous demandez si ça vaut le coup de jouer pour l’intérêt général." Et lui-même en vient à devoir aborder sa situation privée: "Ce qui est sûr, c’est que je n’aurai pas d’autre relation sexuelle qu’avec mon épouse, si c’est votre question. Si on en est à ce niveau de déballage, oui, évidemment".