Emmanuel Macron et le gouvernement vont-ils aller plus loin sur la fin de vie?

Le gouvernement réfléchit à la suite du quinquennat. Et parmi les questions en suspens, il y a la question de la fin de vie. Des députés travaillent déjà sur le sujet en vue d’une éventuelle prochaine loi.
Ils sont 18 députés, de tous bords politiques, à travailler depuis la mi-janvier pour évaluer la loi actuelle: la loi Claeys-Leonetti de 2016. La mission est dirigée par Olivier Falorni, qui rendra ses conclusions mercredi. Ils ont mené des dizaines d’auditions de médecins, spécialistes, associations, religieux ou encore philosophes.
Et le constat partagé, selon plusieurs participants, c’est que cette loi n’est pas correctement appliquée, ni complètement mise en œuvre. Ils pointent l’inégalité de l’accès aux soins palliatifs. Dans une vingtaine de départements, il n’y a pas d’unité dédiée. Manque de moyens, de lits, de personnel... Les soins palliatifs souffrent de tous les maux du système de santé, constate un élu.
La formation des soignants est aussi jugée insuffisante, sans compter le déficit d'information. “Il y a une méconnaissance de la loi”, insiste un parlementaire. Un autre estime qu’il faudrait des campagnes de sensibilisation, pour que les Français puissent écrire leurs directives anticipées. Ils ne sont que 13% à l’avoir fait.
Et le gouvernement va devoir se positionner, parce que la Convention citoyenne va elle aussi rendre ses travaux à la fin de la semaine. Avec cette question: faut-il aller plus loin? Doit-on aller vers une aide médicale à mourir comme l’euthanasie ou le suicide assisté? On sait déjà que les 180 citoyens tirés au sort, et qui y réfléchissent depuis le mois de décembre, y sont majoritairement favorables. Mais dans quelles conditions, quel cadre? Ils vont finaliser leurs propositions le week-end prochain.
Un mauvais timing?
La question, que résume un député, c’est: jusqu’où faut-il aller? Et c’est là-dessus que porte le débat. Faut-il se concentrer sur une meilleure application de la loi existante, ce que certains parlementaires défendent, quand d’autres veulent aussi aller plus loin, vers une aide à mourir?
Emmanuel Macron va devoir se positionner. Il a promis de recevoir tous les membres de la Convention citoyenne. Mais cette fois, sans s'engager à reprendre à la lettre leurs recommandations, comme cela avait été le cas sur le climat.
Cependant, vu l’atmosphère du moment, est-ce que c’est le bon moment? Alors que le gouvernement est en train de tout remettre à plat pour établir un programme pour la suite du quinquennat, ce débat sensible, difficile, sur la fin de vie, doit-il en faire partie?
“Pas sûr que ce soit le plus facile à aborder” dans le contexte du moment, pointe un parlementaire. “Cela mérite réflexion, recul, et apaisement”, indique-t-il.
Un autre juge qu’il est urgent d’attendre un climat politique plus favorable. “Ce n’est pas le moment de remettre le feu, alors que c’est déjà compliqué avec les soignants”, dit-il. Et dans l’opposition, un député ironise. “En ce moment, la question, c’est plutôt la fin de vie du gouvernement”, qui se pose.