RMC

Fraude sociale: le plan du gouvernement provoque des réactions divisées parmi les politiques

Gabriel Attal a présenté, en ce début de semaine, son plan pour lutter contre la fraude sociale. Les réactions de la sphère politique sont mitigées au lendemain du dévoilement des détails de ce projet.

Le ministre délégué en charge des Comptes publics, Gabriel Attal, a dévoilé lundi soir les contours de son plan de lutte contre la fraude sociale. Dans le but de réaliser plusieurs milliards d'économies, le ministre cible plusieurs thématiques de cette vaste problématique : le travail dissimulé, les allocations reçues à tort, mais aussi les fraudes liées à la sécurité sociale avec des "prestations maladies qui ne devraient pas être prises en charge par la sécurité".

C'est d'ailleurs en ce sens que Gabriel Attal a proposé de fusionner la carte Vitale et la carte nationale d'identité, afin de ne plus permettre à "des personnes qui n'ont pas le droit à se faire rembourser leurs soins" de bénéficier de frais avantageux octroyés lors d'actes médicaux. Selon le ministre, il y aurait en effet "des personnes qui viennent en France pour se faire soigner, et qui utilisent une carte Vitale qu'on leur prête ou qu'on leur loue".

Aussi, en ciblant la fraude aux prestations de santé, Gabriel Attal met la responsabilité sur les professionnels comme les dentistes ou les ophtalmologistes qui surfacturent, voire facturent des soins fictifs.

Un plan qui "vise comme d'habitude les plus pauvres"

Alors le député socialiste Arthur Delaporte, salue l'idée d'envoyer par SMS la liste des soins réalisés sur chaque patient à l'issue de la consultation, afin de signaler toute incohérence.

"C'est un moyen, finalement, de responsabiliser l'usager mais c'est aussi pour que celui-ci sache pourquoi il a payé car aujourd'hui, il y a des professionnels de santé qui facturent, sans que les usagers ne le sachent, des soins à l'assurance maladie", confirme Arthur Delaporte, député socialiste du Calvados.

L'élu redoute toutefois le message envoyé par ce plan en donnant l'impression que les plus précaires seraient de grands fraudeurs. Ce que dénonce très précisément le député écologiste Benjamin Lucas, qui explique que le plan du gouvernement "vise comme d'habitude les plus pauvres", précisant que l'on "voit même des propos sur les étrangers".

"Evidemment je ne cautionne aucune fraude, mais je sais encore faire la différence entre des petites fraudes, parfois pour survivre, des petits montants, et puis ce qu'est la réalité massive de la fraude fiscale aujourd'hui dans notre pays, sur laquelle le gouvernement n'agit que très très peu", tance Benjamin Lucas, député EELV des Yvelines.

Ces critiques ont été relativement anticipées par Gabriel Attal, qui a présenté un plan contre la fraude fiscale au tout début du mois.

Le ministre a aussi rappelé que son plan avait pour but d'éviter les fraudes aux allocations sociales dont pouvaient être victimes certains citoyens. "L'an dernier on a démantelé un réseau de faux RIB lituaniens. Des bénéficiaires du minimum vieillesse ont vu leur compte piraté sur le site de la Caisse nationale d'assurance vieillesse et dont le RIB a été remplacé", raconte par exemple le ministre Gabriel Attal.

Le ministre n'a pas donné de précisions majeures quant à la date de mise en place de la nouvelle carte Vitale, mais il a toutefois expliqué qu'il lançait "cet été un calendrier de préfiguration censé nous dire quand ce sera possible" de mettre le nouveau sésame à disposition des Français.

Hélène Terzian, Alexis Lalemant