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"Il faut qu'on convertisse cette colère en projet": face aux Marseillais, Macron tente de convaincre

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En visite pour trois jours à Marseille, Emmanuel Macron a dédié sa journée de lundi à la sécurité. Et le soir, il s’est prêté à l’exercice du grand débat dans le quartier de la Busserine. L’occasion d’échanger avec les 400 habitants présents dans un gymnase qui ont voulu profiter de ce moment avec le président pour vider leur sac.

Emmanuel Macron a fait face aux Marseillais lundi soir. En déplacement pour trois jours dans la cité phocéenne, le président de la République s’est rendu dans le quartier sensible de la Busserine pour se prêter à l’exercice du grand débat face à 400 personnes rassemblées dans un gymnase.

Le chef de l’Etat, manches de chemises retroussées, a donc tenté de répondre aux questions. Et le premier sujet, c’était la violence qui gangrène les quartiers populaires de la ville. “On en a marre d’enterrer nos enfants, on est fatigué”, lui assène une mère de famille. "On est pris en otage, nous avons peur de sortir la nuit, tout le monde veut partir d'ici", lance une habitante du quartier de La Busserine. "On n'en peut plus (..) Le seul objectif c'est de ne pas se prendre de balles", a renchéri une autre en s'adressant au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. 

Face à tant de doléances, le chef de l'Etat écoute, mais recadre l'exercice.

“Moi, je ne prends pas les engueulades pour toutes les décennies passées. Je comprends la colère, mais à un moment donné cette colère, il faut qu’on la convertisse en projet. Sinon, dès que je suis parti, on repart comme en quarante. Tout le monde dit ce n’est pas moi, c’est l’autre. C’est trop facile”, assure-t-il.

Emmanuel Macron tente alors de répondre par des mesures. Il a annoncé l'arrivée d'une quatrième compagnie de CRS, de 25 nouveaux enquêteurs à la division criminelle et la brigade de répression du banditisme, ou encore la création d'une "task force interministérielle pour lutter contre les caïds", associant douanes, fisc, police judiciaire, Urssaf.

Les Marseillais convaincus?

Il a également annoncé que le paiement des amendes forfaitaires pour consommation de drogue pourrait désormais être "immédiat, par carte bancaire ou en liquide". Ce qui permettrait d'améliorer le taux de recouvrement, de seulement 35%, un niveau "inacceptable".

Autre sujet: l'insalubrité. Une jeune femme prend le micro. “Vous trouvez ça normal qu’il y ait des cafards et des blattes qui montent à la maison? Non, ce n’est pas normal”, appuie-t-elle, virulente.

Mais le président reprend la main, et convainc la majorité des habitants.

“On n'a pas eu tant de présidents que ça qui sont venus nous voir pour que l’on puisse parler. C’est ça qui est important. C’est de pouvoir dire à celui qui a le pouvoir, je vais te raconter mes malheurs parce que je sais que tu as eu solution”, estime Schéhérazade, responsable d’une association marseillaise.

"Franchement, il a été très convaincant. Après, maintenant, on va voir si ça suit”, ajoute une autre marseillaise présente au débat. Des habitants qui attendent désormais des annonces pour l'école et le logement.

Hélène Terzian avec Guillaume Descours (avec AFP)