"On n'en peut plus": à Marseille, les habitants appellent à l'aide avant la visite du chef de l'État

"On est fatigués, on en a marre, on en a ras-le-bol." Hanriette Saïd est représentante d'une association d'habitants du Mail, une cité marseillaise. Lundi, le président de la République la recevra elle et 300 autres personnes à la cité de la Busserine, dans le 14e arrondissement de Marseille.
Des habitants et des associations désespérés face à l'augmentation de la violence, particulièrement dans les quartiers nord. Pourtant, la ville a bénéficié d'un renfort de 300 policiers.
"Il n’y a rien qui a changé, au contraire, ça s’empire. Par exemple, il n’y a pas longtemps, un jeune s’est fait tirer dessus dans la tête, on a tout vu, on est traumatisés. Moi j’ai un enfant de deux ans qui est traumatisé. On n’en peut plus", déplore Asma, mère de cinq enfants.
Emmanuel Macron restera trois jours à Marseille, pour suivre l'avancée du plan "Marseille en grand", lancé il y a deux ans. Une enveloppe de cinq milliards d'euros avait été allouée pour avancer dans plusieurs secteurs comme l'éducation, la sécurité, la santé ou encore le logement.
"C’est pire qu’une favela, il y a des rats, des cafards"
Si des travaux ont bien été entrepris, ils sont largement insuffisants pour de nombreux habitants.
"Ils font des travaux, on ne comprend pas pourquoi. En bas, ils ont refait l’Agora, c’est bien pour les petits, mais avant de refaire l’Agora, qui est une association, il faut refaire les bâtiments où les gens vivent", estime Mohammed, qui vit dans le quartier.
Il ajoute: "Je suis monté il y a deux jours dans les escaliers, j’ai fait demi-tour tellement c’était invivable à cause de l’odeur et de la saleté. Il n’y a pas d’ascenseur, donc tu es obligé de passer entre les débris, les mégots, les crachats et la pisse. C’est pire qu’une favela, il y a des rats, des cafards et des blattes partout."
Un acte 2 au plan "Marseille en grand"
Un constat partagé par Hanriette Saïd qui appelle au secours. "Ça fait cinq ans qu’il n’y a pas d’ascenseur. Quand les gens sont malades, les médecins et les infirmières ne viennent plus. On n’existe pas, on est des animaux, on vit avec les rats, les cafards, on vit dans la misère", soupire-t-elle.
"Nos enfants se réveillent le matin avec la pourriture, la délinquance. Ce sont des morts qu’ils voient nos enfants, on en a marre. Il ne s’est rien passé, c’est maintenant qu’on a besoin d’aide", indique-t-elle
Le président de la République doit lancer l'acte 2 du plan "Marseille en grand" lors de ce déplacement. Il a prévu de visiter notamment le chantier de la prison des Beaumettes, une école en rénovation ou encore le port de Marseille.