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Interdit depuis 2014, va-t-on revenir sur l'interdiction du cumul des mandats?

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Le président de l'Union centriste au Sénat Hérvé Marseille dépose ce mardi une proposition de loi pour revenir sur cette mesure.

Les députés et les sénateurs vont-ils de nouveau pouvoir cumuler les mandats? Ce n'est plus possible depuis 2014, mais le Sénat rouvre le débat. Le groupe centriste du Palais Bourbon souhaite que les parlementaires puissent avoir un mandat local en plus de leur fonction nationale. Car depuis 2017, les nouveaux fraîchement débarqués d'En Marche sont qualifiés d'élus hors-sol.

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L'objectif avec la fin du non-cumul, c'est d'enraciner les élus, et les rapprocher de leurs électeurs, pour faire baisser l'abstention aux élections locales.

Alors que pense la majorité de cette idée du retour du cumul des mandats? "Revenir sur le non-cumul... l'opinion ne comprendrait pas". Voilà le sentiment quasi-unanime au sein de la majorité Côté exécutif, on ne cache pas que le gouvernement rendra un avis défavorable au texte. "Les Français veulent que les élus soient concentrés sur leur mandat", insiste un sénateur LREM. Un soutien du président abonde: "depuis le non-cumul, il y a beaucoup plus de monde aux réunions parlementaires". Mais le même concède que cela "peut participer à un manque de connexion au territoire..."

Des députés hors-sol?

Quand on présente une photo de leur députée à ces habitants, la réponse est souvent la même.

"Je ne sais pas du tout qui c’est, si elle est sportive, ou quoi je ne sais pas”, indique cette habitante. Et même après avoir son nom, Célia de Lavergne, celle-ci ne la remet toujours pas. “Son nom m’est inconnu”, assure-t-elle.

Pourtant, Célia de Lavergne se donne du mal. Plus de 100 réunions en cinq ans dans une circonscription de 120.000 habitants. Cette députée La République en Marche réclame du temps.

“Ce qui me semble essentiel pour être ancré, c’est que d’abord le citoyen identifie son député et ensuite qu’il s’habitue au non-cumul après des années où on a eu des personnalités qui cumulaient, qui ont incarné, mais sans pouvoir faire le travail sur tous les fronts”, détaille-t-elle.

Hervé Mariton, lui, a cumulé les mandats de député et de maire de Crest à quatre reprises. Ces deux fonctions sont pour lui un avantage.

“Je pense qu’il est de la responsabilité du législateur d’avoir une forte imprégnation du terrain. Nous n’aurions probablement pas eu l’épisode ‘gilets jaunes’ tels que nous l’avons vécu, subi, si les députés pour une part importante d’entre eux avaient continué à exercer des activités législatives locales”, appuie-t-il.

Le cumul des mandats proposé par le Sénat ne concernerait que les parlementaires pouvant cumuler leur mandat avec celui de maire d'une commune de moins de 10.000 habitants. Selon le sénateur des Hauts-de-Seine, Hervé Marseille, qui a déposé la proposition de loi pour revenir sur le cumul des mandats, "les communes de moins de 10.000 habitants représentent 97% des communes de France". 

Lui estime qu’il y a une réelle "déconnexion, il y a beaucoup de députés qui sont hors-sol et on l’a vu d’ailleurs à chaque élection locale, que ce soit départementale, régionale ou municipale. Donc il faut pouvoir recréer ce lien afin que les parlementaires et singulièrement les députés puissent être porteurs des préoccupations de leurs concitoyens”, affirme-t-il ce mardi matin au micro de RMC.

Gwenaël Windrestin avec Guillaume Descours