Ligue des droits de l'homme: Darmanin sous-entend une possible remise en cause de ses subventions

C'est une menace à peine voilée. Lors de son audition au Sénat sur le maintien de l'ordre après les incidents lors de la manifestation contre les méga-bassines à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a sous-entendu que les subventions accordées à la Ligue des droits de l'homme pourraient être remises en cause.
L'association est très critique sur le schéma du maintien de l'ordre et documente plusieurs dérives commises par des policiers depuis le début des manifestations contre la réforme des retraites. À Sainte-Soline, l'association avait estimé qu'il avait eu "entrave à l'accès des secours" pour la prise en charge des blessés, enregistrement à l'appui, dévoilé par le journal Le Monde et Médiapart. De son côté, la préfecture a nié cette affirmation.
Face aux sénateurs, le ministre de l'Intérieur, qui a réaffirmé ce matin que les "violences policières n'existent pas", a estimé qu'il "a fallu plusieurs jours d'insultes et d'atteintes à l'honneur des gendarmes pour savoir finalement que les secours n'ont pas été empêchés d'intervenir auprès des manifestants blessés à Sainte-Soline."
"Ça mérite d'être regardé"
Le ministre a par la suite été interrogé sur les subventions accordées à la Ligue des droits de l'homme, par le sénateur Les Républicains du Tarn-et-Garonne, François Bonhomme. L'élu a estimé que "la Ligue des droits de l'homme est financée sur fonds publics, y compris de l'État. Donc si vous voulez être cohérent, monsieur le ministre, il faut cesser de financer des associations qui mettent en cause gravement l'État – elles dénoncent un État policier, une violence systémique. On finance ces associations qui n'ont rien à voir avec l'État de droit, quoiqu'elles en disent."
En réponse à cette question, le ministre de l'Intérieur a estimé que ces subventions "méritent d'être regardées":
"Je ne connais pas la subvention donnée par l'État à la Ligue des droits de l'homme. Mais ça mérite d'être regardé dans le cadre des actions qui ont pu être menées", a déclaré le ministre de l'Intérieur.
La Ligue des droits de l'homme dit défendre "la liberté de manifester"
Sur Twitter, la Ligue des droits de l'homme a rapidement réagi, répondant au ministre que "les actions qui ont pu être menées par la LDH depuis plus de 120 ans sont la défense des droits et libertés de toutes et tous, ne vous en déplaise, en particulier la défense de la liberté de manifester mise à mal par votre politique de maintien de l'ordre."
À Sainte-Soline, les affrontements ont fait quatre blessés graves, dont un homme dont le pronostic vital est toujours engagé, a rappelé mardi le procureur de Rennes. Trois plaintes ont été déposées pour "violences volontaires par une personne dépositaire de l'autorité publique" et ces enquêtes sont toujours en cours.
Créé dans le contexte de l'affaire Dreyfus, la Ligue des droits de l'homme existe sans discontinuer depuis 1893, sauf entre 1940 et 1943, où elle avait été dissoute par le régime de Vichy.