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Loi Duplomb: la mobilisation record enregistrée pour la pétition redonne l'espoir aux opposants

Le président du Sénat Gérard Larcher (à droite) s'exprime devant les sénateurs à Paris, le 15 janvier 2025

Le président du Sénat Gérard Larcher (à droite) s'exprime devant les sénateurs à Paris, le 15 janvier 2025 - Bertrand GUAY © 2019 AFP

La pétition lancée le 10 juillet contre la loi Duplomb a accumulé 870.000 signatures ce dimanche midi. Face à cette mobilisation, qui ne cesse de se renforcer au fil des jours, les opposants nourrissent l'espoir de voir Emmanuel Macron faire marche arrière.

La pétition demandant l'abrogation de la loi Duplomb a réuni plus de 870.000 signatures, ce dimanche midi, sur le site de l'Assemblée nationale. Une première.

Cette mobilisation, unique dans l'histoire de l'Hémicycle, donne espoir aux individus qui s'opposent à cette loi adoptée le 8 juillet, qui permet de réintroduire un pesticide de la famille des néonicotinoïdes interdit en France depuis 2018.

Eleonore Pattery, l'étudiante à l'initiative de cette pétition, décrit dans celle-ci "une aberration scientifique, éthique, environnementale et sanitaire".

Des mots qui résonnent dans la tête de Mathilde, militante écologiste très active sur les réseaux sociaux, qui n'a pas hésité une seconde à signer. Alors, face au nombre record de signatures, elle regagne l'espoir.

"Il faut quand même imaginer qu'il y a plus de 500.000 Français qui ont pris le temps de retrouver leur mot de passe et leur identifiant des impôts pour aller signer cette pétition", se réjouit-elle au micro de RMC.

Depuis sa mise en ligne, elle a vu le lien de la pétition circuler sur internet et n'aurait jamais pensé qu'elle deviendrait aussi virale. "Je la voyais circuler dans des conversations familiales ou avec des amis qui ne diffusent jamais de contenus politisés", ajoute-t-elle, considérant qu'il s'agit ici d'un signe que le gouvernement doit reculer.

Un débat toujours vif

Depuis son annonce jusqu'à son adoption, la loi Duplomb a créé de nombreux débats. Certains dénonçant une mesure menaçant directement la santé des citoyens et l'environnement.

L'intégrale d'Anaïs Matin du dimanche 20 juillet 2025
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Côté politique, certaines voix s'élèvent pour s'y opposer. Delphine Batho, députée des Deux-Sèvres, demande à Emmanuel Macron de ne pas promulguer cette loi. "Le président de la République qui avait dit ne pas être content d'un certain nombre de reculs concernant l'écologie a l'occasion de joindre la parole aux actes", lance-t-elle.

Elle confie aussi compter sur le recours déposé vendredi dernier devant le Conseil constitutionnel.

L'ambiance est différente du côté des producteurs de noisettes et de bettraves, qui utilisent l'acétamipride. "Ce qui nous inquiète le plus est le Conseil constitutionnel. Cette pétition a aussi pour but de mettre la pression sur lui", avance Axel Crestian, président de l'Association Nationale des producteurs de Noisettes.

"C'est totalement politique, il ne faut pas se leurrer. On avait des craintes au niveau de l'Assemblée nationale. Une large majorité s'est quand même dessinée, donc à partir de là, la démocratie s'est exprimée, donc il faut la respecter", ajoute-t-il.

Le représentant précise en outre que la filière "croise les doigts", en espérant ne pas signer la fin de sa production. Arnaud Rousseau, le patron de la FNSEA, premier syndicat agricole, très favorable à la loi Duplomb, a d'ailleurs estimé que l'agriculture française "disparaîtra" si on lui impose "des normes supérieures" à celles de ses voisins européens.

"Un moyen de pression"

Face au nombre de signatures, supérieur à 500.000, qui implique l'ouverture d'un potentiel débat dans l'Hémicycle sur cette pétition, le patron des députés socialistes Boris Vallaud a réclamé l'inscription de la pétition à l'ordre du jour de l'Assemblée "dès la rentrée".

Contacté par RMC, le sénateur à l'origine du texte, Laurent Duplomb, juge cette opposition légitime, mais voit cette pétition comme "un moyen de pression" sur le Conseil des Sages.

Pour la Confédération paysanne, cette mobilisation montre que la loi Duplomb "n'est pas du tout soutenue par la société". Elle "dit beaucoup du ras-le-bol silencieux d'une majorité de Françaises et Français à l'égard d'une classe politique trumpisée, qui n'a de cesse de sacrifier l'écologie sur l'autel de l'agro-industrie", a renchéri l'association Agir pour l'environnement.

La porte-parole du collectif "Cancer colère", Fleur Breteau, qui avait fait une intervention remarquée à l'Assemblée au moment de l'examen de la loi Duplomb, a salué une "prise de conscience" autant qu'un "revers" pour le gouvernement et sa loi de la "honte".

Ameline Lavechin avec Mélanie Hennebique et AFP