"On prend les agriculteurs pour des cons": la colère du chef Jacques Marcon contre la loi Duplomb

Le chef triplement étoilé au guide Michelin Jacques Marcon, est revenu, lundi sur RMC, sur ses échanges tendus à propos de la loi Duplomb avec le sénateur Laurent Duplomb. Le texte "ne répond pas du tout aux demandes des agriculteurs", selon le chef, qui assimile les propos du sénateur à de la "démagogie".
"On pousse les gens les uns contre les autres", a regretté Jacques Marcon.
Au lendemain de l'adoption de la loi Duplomb par le Parlement, le chef triplement étoilé des Maisons Marcon, à Saint-Bonnet-le-Froid, en Haute-Loire, avait publié, le 9 juillet, un message sur Instagram.
Dans ce dernier, Jacques Marcon s'adressait au sénateur Laurent Duplomb. Le chef y pointait sa responsabilité dans ce qu'il voit comme "un grand pas en arrière" pour la France, "pionnière en matière d'interdiction des pesticides". Jacques Macron écrivait également avoir "honte de vivre en Haute-Loire", déparement dont Laurent Duplomb est sénateur.
Jacques Marcon se défend de cuisiner pour tous
Ce dernier a rapidement réagi, l'invitant, le 12 juillet, "à sortir la tête des étoiles de votre cuisine pour venir visiter ma ferme". "Dénoncer une agriculture productiviste tout en racontant des histoires idéalisées en mode 'Martine à la ferme', sur des menus à des prix inaccessibles pour la très grande majorité des Français, ne vous donne pas le droit de donner des leçons aux agricultrices et agriculteurs qui nourrissent la France", a également écrit Laurent Duplomb.
Le chef triplement étoilé est revenu sur le sujet, lundi, au micro d'Apolline Matin. "Ce qui est terrible, c'est qu'en ayant ces mots, il oppose encore le monde agricole avec la société civile et on voit les agriculteurs très mal à l'aise, qui deviennent agressifs parce qu'ils se sentent agressés. Il faut nouer des liens entre les gens, il ne faut pas les séparer. C'est très facile de séparer les gens", a déploré Jacques Marcon.
Ce dernier a également précisé qu'il ne faisait pas de la cuisine uniquement pour les élites: "Je fais à manger de 3,50 euros, pour l'école de Saint-Bonnet, des sandwichs à 4,50 euros, des menus à 35-40 euros, à ici des menus à 300 euros."
Les agriculteurs "ne demandent pas ça"
Au sujet de la loi Duplomb, Jacques Marcon a développé sa pensée, réaffirmant que les agriculteurs ne demandaient pas ces mesures. "Ça fait 20 ans que je tisse des liens avec des agriculteurs. J'essaie de les écouter, de comprendre leurs problématiques, ils ne demandent pas ça."
Les agriculteurs "demandent une revalorisation de leur métier, de leurs productions, et ce n'est pas en remettant des pesticides qu'on va y arriver", a insisté le chef.
"On leur fait croire qu'en remettant ces pesticides on y arrivera. Ce n'est pas vrai"
Jacques Marcon a estimé qu'une "remise en question" devait "être faite, et est demandée depuis plus de 20 ans". "On peut aller sur d'autres modèles de production. Moi ce qui me gêne, c'est qu'au lieu d'agir au niveau de l'Europe et de protéger notre agriculture, on ouvre encore nos frontières, on prône une agriculture libérale, qui va tuer notre agriculture", a-t-il argumenté sur RMC.
"On prend vraiment les agriculteurs pour des cons. On ne peut plus. On leur fait croire qu'en remettant ces pesticides on y arrivera. Ce n'est pas vrai", a souligné Jacques Marcon.
Le chef a également de nouveau affirmé qu'il avait "honte" de lui, comme il l'avait déjà écrit dans son post Instagram. Il regrette de "ne pas avoir réagi avant, en tant qu'acteur de la filière". Désormais, Jacques Marcon va faire entendre sa voix pour défendre une certaine vision de l'agriculture.