RMC
Politique

Marlène Schiappa dans Playboy: ce qu'il faut retenir de l'entretien

placeholder video
Marlène Schiappa, la secrétaire d'État chargée de l'Économie sociale et solidaire et de la Vie associative, fait polémique après avoir posé pour Playboy et répondu aux questions du magazine qui a une longue histoire avec les politiques.

Le magazine Playboy publie ce jeudi une interview de Marlène Schiappa accompagnée de photos sexy, mais habillées. Un coup médiatique qui passe mal au sein du gouvernement. Et c'est même la Première ministre, Elisabeth Borne, qui est d'abord montée au créneau pour juger que cette interview était “inappropriée”.

Puis dans Le Figaro, c’est Isabelle Rome, la ministre de l’Egalité entre les femmes et les hommes, qui s’est montrée extrêmement sévère. Elle juge que Playboy est un condensé de tous les stéréotypes sexistes, en plein dans la culture de la femme objet. Et donc, pour elle, prétendre défendre la cause des femmes en parlant dans Playboy, c’est comme si on voulait lutter contre l’antisémitisme en donnant un entretien à Rivarol… Rivarol étant un hebdomadaire d'extrême-droite révisionniste et condamné pour incitation à la haine raciale. C’est un tacle sévère, assez rare entre deux membres du même gouvernement.

Comment Marlène Schiappa justifie cet entretien dans Playboy ?

Marlène Schiappa assume cet entretien et répond qu’en France, les femmes sont libres, n’en déplaise aux rétrogrades et aux hypocrites. Dans l’interview à Playboy, c’est la première question qui lui est posée: pourquoi accepter? Elle explique qu’elle est inspirée par l’actrice Pamela Anderson qui s'était réapproprié son corps en posant pour Playboy et qui l'avait vécu comme un acte d'émancipation.

Sauf que Pamela Anderson avait posé nue, alors que Marlène Schiappa est habillée dans les six photos du magazine jugées plutôt sexy, mais toutes habillées.

Que dit la ministre dans l'interview?

C’est un long entretien un peu décousu. Il est question de la cause des femmes en Afghanistan ou en Iran. Elle affirme aussi ne pas avoir d’ambition présidentielle parce que, dit-elle, pour cela il faut se donner corps et âme à la politique. Ce qui n’est pas son souhait.

Et puis Marlène Schiappa parle aussi de sexualité. Elle défend que les femmes doivent s’emparer du sujet, en parler librement. Dire ce qu’elles veulent. Et elle conclut par une boutade: "On ne va pas s’interdire les plans à trois". L’interview est titrée: “Une ministre libre”.

D'autres politiques français visés par Playboy

Playboy a récemment proposé l’exercice de l’interview à d’autres personnalités politiques. Jean-Luc Mélenchon avait accepté l’été dernier. C’est, en tout cas, ce qu’affirme le rédacteur en chef de Playboy Jean-Christophe Florentin. Il raconte que ce n’est qu’au tout dernier moment que le leader insoumis a annulé le rendez- vous, sans expliquer pourquoi.

Playboy a aussi été en contact avec Roselyne Bachelot, qui a rapidement décliné. Et également avec François Hollande mais son attachée de presse s’est fâchée à la seule idée d’imaginer l’ancien président dans le magazine de charme.

Pourtant, des politiques ont déjà accepté de jouer le jeu. Par exemple, Jean-Pierre Chevènement en 1985, alors qu’il était ministre de l’Education nationale. Cela avait déjà provoqué un mini scandale.

La longue histoire de Playboy avec la politique

Aux Etats-Unis, la version américaine de Playboy a décroché des interviews prestigieuses. Mais c’était il y a longtemps. Jimmy Carter, candidat à la présidentielle en 1976, avait donné une interview à Playboy pour essayer de se défaire de son image de protestant austère. L’effet avait été catastrophique. Il avait perdu plusieurs points dans les sondages.

Donald Trump a aussi posé en une de Playboy, mais c'était bien avant d'être un possible présidentiable. C'était l’époque où il fréquentait le manoir de Hugh Hefner, le fondateur de Playboy, qui y vivait entouré de filles nues et pas toujours consentantes. Mais les deux interviews les plus retentissantes dans Playboy, c’est celle de Martin Luther King en 1965 et celle du Dalaï-lama en 1996.

Et en France, l'interview la plus marquante, c’est celle de Pierrette Le Pen. La femme de Jean-Marie Le Pen avait posé nue en 1987. Elle répondait à son ex-mari qui venait de déclarer, dans une interview à Playboy, que si elle n'était pas contente des conditions de leur divorce, elle n’avait qu'à faire des ménages. Pierrette Le Pen avait aussitôt contacté le magazine pour proposer de poser en soubrette. C’était, disait-elle, la réponse d’une “femme libre” à un “goujat”. Les ventes de Playboy avaient explosé…

Nicolas Poincaré (édité par J.A.)