RMC
Politique

"Ordre", immigration, exécution des peines… Bruno Retailleau est déjà à l’offensive

placeholder video
Le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a promis de "rétablir l’ordre" dès sa prise de fonction ce lundi. Il s’engage aussi à "baisser l’immigration" et demande de la sévérité au ministre de la Justice, Didier Migaud.

Premiers pas pour les nouveaux ministres. Et l'un d'entre eux est déjà à l'offensive: Bruno Retailleau, désormais premier flic de France. Lors de la passation de pouvoir avec Gérald Darmanin, il a répété trois fois, sur un ton martial, sa priorité: "rétablir l'ordre". Un message qu'il a répété et détaillé toute la soirée, lors d'un déplacement dans un commissariat de Seine-Saint-Denis et sur le plateau du 20h de TF1, avec la volonté de marquer une rupture avec son prédécesseur.

"C’est ma première sortie sur le terrain, elle est pour vous", dit-il au contact de policiers de La Courneuve. Bruno Retailleau marche sur les traces de Nicolas Sarkozy qui promettait, au même endroit, de nettoyer la cité au Karcher. Près de 20 ans plus tard, même message de fermeté: "Il y a quand même une ultra violence. Ceux qui mettent des cibles dans le dos de nos policiers, je me mettrai en travers de leur route" prévient Bruno Retailleau.

Les combats de la droite conservatrice

Plus tôt, sur TF1, Bruno Retailleau voulait aussi marquer une rupture face à l'immigration. "Ça n’est pas une chance pour la France, donc je veux prendre tous les moyens pour baisser l’immigration, assure le ministre de l’Intérieur. Je vais réunir dans quelques jours les dix préfets des dix départements où il y a le plus de désordre migratoire pour leur demander d’expulser plus, de régulariser moins."

Bruno Retailleau veut imposer les combats de la droite conservatrice et aussi, revenir sur l'aide médicale d'état. "Sur l’AME, on la réforme, réclame-t-il. Nous sommes un des pays européens qui donnons le plus d’avantages. Je ne veux pas que la France soit le pays le plus attractif d’Europe pour un certain nombre de prestations sociales, d’accès aux soins." Des intentions nombreuses, mais sans majorité à l'Assemblée ni garantie budgétaire. A leur nomination, Michel Barnier a appelé ses ministres à la modestie.

Didier Migaud rappelle l’indépendance de la justice à Bruno Retailleau

Le nouveau ministre de l’Intérieur demande aussi de la sévérité à son collègue de la Justice, l'ancien socialiste Didier Migaud. "Ça ne sert à rien d’interpeller des malfaiteurs si ensuite, ils sont relâchés, souligne-t-il. Ce n’est pas à moi qu’il revient d’incarcérer. Moi, je suis ministre de l’Intérieur, je ne suis pas ministre de la Justice. Il faut qu’il y ait un dialogue, mais il faut aussi que l’on revoie vraisemblablement un certain nombre de cadres pour changer une politique pénale qui je pense, depuis très longtemps, a laissé s’installer ce droit à l’inexécution des peines. Il faut qu’il y ait des peines prononcées, qu’elles soient exécutées. Il faut construire des prisons. Ce n’est pas mon domaine mais j’en parlerai très librement avec Didier Migaud."

"Il doit savoir que la justice est indépendante dans notre pays, lui a répondu Didier Migaud sur France 2. C’est quelque chose qui est essentiel dans une démocratie. Je dois moi aussi montrer de l’autorité, de la fermeté, tout en faisant en sorte que l’Etat de droit soit respecté, que les procédures soient respectées. Il y a le sentiment parfois que la justice ne condamne pas suffisamment. Ce n’est pas toujours exact. Donc j’aurai un certain nombre d’échanges avec Bruno Retailleau. J’y suis prêt."

Laurent Picat avec Cyprien Pézeril