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Politique d'expulsions d'étrangers en situation illégale remise en cause: Gérald Darmanin fragilisé?

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La Cour des comptes s'est penchée sur les expulsions d'étrangers en situation illégale, même pas un mois après le vote de la loi immigration, note que seulement 12% des OQTF exécutées en 2022. La politique du gouvernement et de Gérald Darmanin est remise en cause malgré une annonce de chiffres en augmentation.

La Cour des comptes, principal organe d'évaluation de l'efficacité des actions de l'Etat, pointe du doigt la politique d'expulsion des étrangers en situation illégale en France, dans un rapport qu'elle a publié jeudi.

La Cour des comptes estime en effet que seule "une petite minorité" des étrangers sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) sont effectivement expulsés. En effet, en 2022, seuls 12% des OQTF ont été exécutées.

Mais dans la foulée, alors que plane l'ombre d'un possible remaniement, Gérald Darmanin lui a décidé de montrer les muscles et assure que les expulsions sont en constante augmentation depuis qu'il est ministre. En attendant, c'est donc l'efficacité de la politique du gouvernement et en particulier de Gérald Darmanin qui est remise en cause.

Le RN en profite pour tacler -une nouvelle fois- le ministre

Ces révélations de la Cour des comptes seraient donc la preuve d'une politique migratoire inefficace de Gérald Darmanin selon le Rassemblement national.

"Il se drape de discours de fermeté, de retour de l’autorité et de l’ordre. Au final, on voit que les résultats ne sont pas là", pointe le porte-parole du RN, Gaëtan Dussausaye.

"Il y a 88% des individus qui font l’objet d’une OQTF qui restent sur le territoire. C’est un véritable camouflet pour Gérald Darmanin”, poursuit-t-il.

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Gérald Darmanin fragilisé?

L'État doit davantage s'organiser dit la Cour des comptes. Par exemple en ciblant mieux les étrangers à expulser pour éviter les erreurs administratives régulières. Mais les choses s'améliorent déjà jure le ministre de l'Intérieur, tout comme le député Renaissance du Val-de-Marne, Mathieu Lefevre.

“Les éloignements forcés, ils ont progressé de 30% l’an dernier par rapport à 2022. Maintenant, il faut aller beaucoup plus loin et c’est l’un des objets de la loi immigration. Il y a aujourd’hui des protections qui empêchent les étrangers délinquants d’être éloignés. Il n’y aura plus ces excuses et le ministre de l’Intérieur pourra les expulser”, appuie-t-il.

Avec l'objectif désormais d'expulser 4.000 étrangers délinquants de plus chaque année. Cependant la position de Gérald Darmanin depuis l’épisode de la loi immigration s’est considérablement fragilisée. Fini le temps où il pouvait encore prétendre au poste de Premier ministre. "Sa loi est un flop et ses ambitions se sont évaporées" reconnaît-on jusqu'à ses proches.

"Comment justifier qu'il reste si Borne est virée?"

Il faut dire que Gérald Darmanin n'a pas réussi son pari, créer une nouvelle majorité autour de lui pour faire voter son texte, majorité qui aurait pu ensuite l'amener jusqu'à Matignon. Et aujourd'hui, alors qu'un remaniement est attendu en ce début d'année, sa place au sein même du gouvernement pose question. "Comment justifier qu'il reste si Borne est virée? C'est quand même elle qui a fait voter la loi immigration voulue pour le président", insiste un cadre de la majorité.

Difficile néanmoins pour Emmanuel Macron de se priver d'un des seuls poids lourds du gouvernement, qui plus est son ministre de l'Intérieur à près de 200 jours des Jeux olympiques.

Cyprien Pézeril et Jérémy Trottin avec Guillaume Descours