Pourquoi les élèves français sont si mauvais en mathématiques

Le ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer voudrait renforcer l’enseignement des maths au lycée. De moins en moins d'élèves choisissent cette spécialité et le niveau des jeunes Français en mathématiques ne cesse de baisser.
Le ministre envisage donc de revenir sur la réforme des lycées dite réforme Blanquer. Une réforme entrée en vigueur en 2019, qui supprimait les sections L, ES ou L, pour les remplacer par un tronc commun, plus des spécialités. Le problème, c’est que la spécialité mathématique est en recul. Ils ne sont plus que 37% des élèves à l’avoir choisi cette année. Et parmi ces élèves, il y a un manque criant de filles.
>> A LIRE AUSSI - Les mathématiques de retour au lycée en tronc commun? Jean-Michel Blanquer pourrait revoir sa copie
L’autre problème, c’est que pour la majorité des élèves qui ne choisissent pas la spécialité mathématique, l’enseignement obligatoire dans le tronc commun est très pauvre. Deux heures par semaine d’enseignement scientifique. Deux heures pour la biologie, la physique, la chimie, le climat, et un tout petit peu de mathématiques. Beaucoup trop peu, d'après les associations d'enseignants. C’est cela que Jean-Michel Blanquer envisage de réformer. Il voudrait renforcer la part des maths au sein de ce tronc commun de deux heures. Ce serait donc un tout petit pas dans la direction de ce que demandent les profs de maths.
40e des pays de l'OCDE
En attendant, le niveau des petits Français en maths ne cesse de baisser. Les évaluations “cedre” de l’éducation nationale sur les élèves de CM2 et de 3e publiées l’an dernier ont été terribles. Elles montrent un vrai décrochage en 5 ans. La moitié des élèves, seulement, font correctement les quatre opérations en fin de primaire. 53% contre 70% cinq ans avant.
Un élève sur deux ne peut pas calculer le quart ou le tiers d’un nombre. Un élève sur quatre ne parvient pas à écrire 5 millions en chiffres. Le dernier classement TIMMS, classement international sur l’enseignement des maths, place la France au dernier rang de l'Europe, et 40e dans les pays de l’OCDE, derrière l’Albanie et le Kazakhstan. En fait, seuls les élèves chiliens sont plus nuls que les Français.
Et nous sommes de plus en plus loin des bons élèves. Les premiers de la classe sont les élèves de Singapour devant les Coréens, les Russes et les Japonais.
Un problème de recrutement?
D'où vient notre problème? Sans doute avant tout de la formation des enseignants. La formation initiale, puis la formation continue. En primaire, les instituteurs en grande majorité ont une formation littéraire et sont moins à l’aise pour enseigner les maths. Des référents ont récemment été embauchés dans toutes les académies pour venir en aide aux instituteurs qui le demandent.
Au collège et au lycée, se pose la question du recrutement. Depuis la réforme de Nicolas Sarkozy, il faut un bac plus cinq pour se présenter aux concours. Or, les titulaires d’un master 2 de mathématiques se voient proposer des jobs bien mieux payés que professeur de maths. Un professeur de collège débutant gagne 1700 euros net, c’est-à-dire 30% à peine de plus que le SMIC alors qu’il y a quelques années, c’était deux fois le SMIC.
Ce qui devait arriver arriva. Les meilleurs étudiants en maths se sont éloignés de l’enseignement. Le niveau des profs baisse, et celui des élèves forcément aussi.
Les études PIMMS ou PISA, qui soulignent tous les ans le recul de la France en math, soulignent aussi que les professeurs français sont les plus malheureux d'Europe, ceux qui se disent le plus insatisfait de leur boulot. En 2018, un rapport sur l’enseignement des maths avait été commandé à Cédric Villani, député original et génial mathématicien.
Il avait proposé 21 mesures sur la formation des maîtres et sur un retour aux fondamentaux. Quatre ans après, il estime que la plupart de ses propositions sont en cours de déploiement. Et qu’on avance dans la bonne direction. Notamment en primaire, là où tout se joue. Peut-être que tout n’est pas perdu. Peut-être, peut-on viser mieux que l’avant-dernière place des pays développés.