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Prêt russe au RN: les coulisses de l’audition de Marine Le Pen sur les ingérences étrangères

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Dans "Apolline Matin" ce lundi sur RMC et RMC Story, "Les indiscrets" du service politique éclairent sur les enjeux et les coulisses de l’audition de Marine Le Pen par la commission d’enquête parlementaire sur les ingérences étrangères.

Marine Le Pen sera auditionnée ce mercredi par la commission d’enquête sur les ingérences étrangères. Un interrogatoire qui se prépare minutieusement en coulisses. Car la présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale le sait, elle sera interrogée sur ce prêt, ce boulet qu’elle traine depuis 2014 et dont elle essaye de se débarrasser: plus de 9 millions d’euros contractés auprès d’une banque russe pour financer plusieurs campagnes. Le comble, c’est qu’elle va s'expliquer devant une commission créée par Jean-Philippe Tanguy, un de ses fidèles députés.

Mais pas de piège. Cette commission, le RN l’a justement créée pour évacuer tout soupçon de collusion entre le parti et Moscou. C'est là que l'on a entendu fin mai François Fillon dire que s'il voulait "vendre des rillettes sur la Place rouge", il pouvait le faire. Pour ne pas être juge et partie, le président RN de la commission cédera sa place à un collègue du Modem. Marine Le Pen, elle, joue la carte de la sérénité. Seul conseil d’un proche: faire en sorte qu’elle maitrise sur le bout des doigts les dates, les montants… Chaque approximation pourrait être mal interprétée.

Pour ses opposants, l’occasion est trop belle pour la combattre. C’est ce que le bureau de la commission veut éviter. L’objectif, pour Laurent Essquenai-Goxes, le député Modem qui présidera l’audition: que "ce soit une audition comme les précédentes, ni une tribune pour elle, ni un tribunal contre elle". Marine Le Pen sera traitée comme les autres, elle prêtera serment, dira "je le jure". Mais pour éviter que ça devienne un règlement de compte, seuls les députés membres de la commission seront autorisés à l’interroger.

Des auditions peu utiles?

Le problème, c’est que même les députés de la commission croient peu en l’utilité de ces auditions, avec des marges de manœuvre qui sont faibles. D’autant qu’il faut aller vite. Le rapport de la commission doit être remis le mois prochain, et Marine Le Pen sera la dernière personnalité auditionnée dans le cadre de cette enquête. La semaine dernière, les commissaires ont entendu un ancien eurodéputé FN. Il avait été chargé par Marine Le Pen de négocier le fameux prêt auprès de la banque russe. Selon lui, "sans contreparties" et "sans pression".

Quant à l’argument de Marine Le Pen, ils le connaissent déjà: son parti se serait tourné vers la Russie après les refus à la pelle des banques occidentales. Pas de quoi toutefois décourager une poignée de députés de la majorité qui comptent passer à l’offensive ce mercredi face à Marine Le Pen. Quant à la Nupes, certains montent au créneau. Le député socialiste Philippe Brun, membre de la commission, en parle comme d’une "mascarade" qui sert seulement à laver le RN.

Hélène Terzian