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"Que des réflexions bêtes": vers une loi contre les discriminations capillaires en France?

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La France pourrait devenir le premier pays à sanctionner les discriminations capillaires. Une proposition de loi arrive à l'Assemblée ce jeudi. Et elle est très attendue, notamment par les personnes aux cheveux texturés.

Une proposition de loi initiée par le député de Guadeloupe Olivier Serva visant à sanctionner les discriminations ou les moqueries sur les personnes à cause de la couleur, la longueur ou la texture des cheveux va être débattue par les députés ce jeudi. Une loi qui s'inspire de ce qui se fait déjà aux Etats-Unis et qui permet d'envoyer un message, selon certains, même si son utilité est remise en question par des juristes.

C'est dès l'école que Mila a entendu les premières réflexions sur sa coupe de cheveux afro. “On dirait un paillasson, on dirait de la pelouse… Que des réflexions bêtes”, indique-t-elle. Son amie Laura a même décidé de changer de métier, fatiguée des remarques de ses employeurs sur ses tresses africaines.

“En général, c’est beaucoup dans la vente qu’on se fait discriminer sur la texture des cheveux et c’est pénible. On est né comme ça avec nos cheveux afro. Je ne vois pas en quoi on peut être discriminé”, assure-t-elle.

Invité de Charles Matin ce jeudi sur RMC, Kenza Bel Kenadil, influenceuse, militante contre la discrimination capillaire, a témoigné de cette discrimination qu'elle a elle-même subie.

“Cela paraît peut-être lunaire pour certaines personnes. Je sais qu’il y en a beaucoup qui ne réalisent pas la gravité de cette discrimination. Moi, j’en ai fait les frais dans le milieu professionnel, ce qui est plutôt triste parce que j’avais l’impression qu’on passait à côté de mes compétences, de mon professionnalisme, parce que mes cheveux dérangeaient", indique-t-elle.

L'invitée de Charles Matin : Bientôt une loi contre les discriminations capillaires ? - 28/03
L'invitée de Charles Matin : Bientôt une loi contre les discriminations capillaires ? - 28/03
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Une définition pas assez large?

Mais cette loi contre la discrimination capillaire ne concernerait pas seulement la communauté noire. Le député qui la défend cite aussi les hommes roux, les femmes blondes ou les chauves, victimes parfois de réflexions au travail. Cette nouvelle législation ne réglerait pas tout, prévient l'avocat Eric Rocheblave, spécialiste du droit du travail.

“Il faudrait prévoir les cheveux longs, courts, les cheveux frisés, les cheveux lisses, les chauves, les moitiés chauves, les tondus… Alors qu’une définition suffisamment large permet d’englober toutes les situations”, indique-t-il.

Surtout qu'aujourd'hui, rappelle l'avocat, 25 motifs de discriminations à l'embauche, dont l'apparence physique, existent déjà.

Nicolas Ropert avec Guillaume Descours