Confiance en soi, discrimination... Les jeunes s'autocensurent lors de la recherche d'un emploi

Ne pas candidater à une offre d'emploi par manque de confiance en soi. Une autocensure très répandue chez les jeunes, selon une étude CSA pour Sanofi et Mozaik RH dévoilée en exclusivité ce mardi matin sur RMC.
73% des jeunes entre 18 et 24 ans ont ainsi déjà renoncé à candidater à un poste en pensant n’avoir aucune chance d’être sélectionné. "Le manque d’expérience reste le principal facteur d’autocensure, mais des obstacles mentaux sont aussi observés tels que la peur, l’illégitimité et l’entre-soi", notent les auteurs de l'étude.
La crainte de jugements discriminatoires, comme le sexe, l'ethnie, ou le milieu social, participe aussi à cette autocensure. Un seul poste, plusieurs candidats et pour Anane et Lyne, des critères de sélection différents pour tous.
“Physiquement, si on est belle, je pense que ça joue. Si on est étrange, je pense que ça joue aussi”, estime Anane. “La société dans laquelle on vit est basée sur le privilège. Et malheureusement certains sont désavantagés parce qu’ils ne font pas partie d’une catégorie précise”, ajoute Lyne.
Des candidatures inférieures au niveau de compétences
D'après cette étude, 71% des 18-24 ans considèrent qu'une personne issue des minorités a moins de chances d'être recrutée. A 19 ans, Lyne, encore étudiante, s'est déjà préparée aux discriminations au travail. “Je vis en banlieue et je suis aussi une femme et une personne de couleur. Je suis obligée de subir ça. Les minorités doivent toujours se surpasser pour prouver qu’elles sont compétentes dans ce qu’elles font”, appuie-t-elle.
Conséquence, plus de 70% renoncent à certaines offres d'emploi, comme l'explique Valérie Alexandre, directrice du pôle employabilité chez Mozaik RH.
“Les candidats n’osent pas candidater sur certains postes ou alors ils vont candidater à des postes qui sont inférieurs à leur niveau de compétence. C’est clairement du manque de confiance en soi”, estime-t-elle.
Et certains vont même jusqu'à dissimuler leur adresse ou leur conviction religieuse pour présenter leur candidature.
"Parfois, certains vont même jusqu'à presque transformer leur identité. On ne va pas mettre sa photo, on va transformer son adresse en mettant par exemple une belle adresse parisienne parce qu'on a trouvé le bon contact qui va pouvoir donner cette adresse, pour en fait camoufler ces plaies qui constituent le processus de discrimination. Ce sont des stéréotypes qui se consolident de manière forte", juge Saïd Hammouche, entrepreneur social, fondateur du cabinet de recrutement Mozaïk RH.