"Rencontre de Saint-Denis": sans Eric Ciotti, la table rétrécit, mais les portes "restent ouvertes"

Éric Ciotti, président de LR, le 18 septembre 2023 à Matignon - Thomas SAMSON / AFP
"Je ne serai pas présent à Saint-Denis": Eric Ciotti s'est justifié dans un entretien au journal Le Figaro, en fustigeant notamment "une énième démarche de communication", dont il refuse d'être "l'alibi".
Après avoir participé à la première rencontre fin août, le président de LR avait jusqu'alors laissé entendre qu'il renouvellerait l'expérience: "Plutôt oui", répondait-il encore la semaine dernière sur sa participation, en faisant valoir que "par principe, je ne suis pas hostile au débat".
Mais, met-il désormais en avant, "l'absence du président de la République dimanche à la manifestation contre l'antisémitisme a fini de (le) convaincre de ne pas y participer".
De nombreux absents
À quoi peut ressembler cette nouvelle "rencontre", dont la table rétrécit au gré des défections, entamées par Olivier Faure (Parti socialiste), qui a été suivi par Manuel Bompard (La France insoumise)?
Certes, Emmanuel Macron pourra compter sur ses alliés, Stéphane Séjourné (Renaissance), François Bayrou (MoDem), Edouard Philippe (Horizons), Laurent Hénart (Parti radical).
Le patron de l'UDI, Hervé Marseille, qui fait montre d'égards à l'endroit de la majorité présidentielle, sera également présent. "Les absents ont toujours tort", a-t-il jugé mardi, en considérant que "ne pas venir siéger est dommageable" et que "ce pays a besoin de dialogue républicain dans la sérénité".
Parmi les oppositions, seuls Jordan Bardella pour le Rassemblement national, Fabien Roussel pour le PCF et Marine Tondelier pour EELV ont annoncé leur venue. Cette dernière a confirmé mardi à l'AFP sa participation, plaidant "pour que la justice environnementale et la justice sociale soient au coeur des discussions".
Gérard Larcher représentera les LR
Les Républicains seront toutefois représentés par Gérard Larcher, en qualité de président du Sénat. Le rendez-vous, désormais promis à se tenir en catimini, s'annonce déjà plombé. Les portes "resteront ouvertes" jusqu'au bout, a fait savoir l'Elysée en réaction aux "non".
Mais le coup d'éclat de l'édition inaugurale du 30 août, lorsque l'ensemble des chefs de partis représentés au Parlement avaient consenti à se rendre à la Maison de l'éducation de la Légion d'honneur, à deux pas de la basilique où reposent les rois de France, semble lointain.
Ce qui avait été présenté comme "une initiative d'ampleur" par Emmanuel Macron avait alors tourné à son avantage, le chef de l'État parvenant à tenir une réunion longue de douze heures conclue au milieu de la nuit.
Paradoxe
Le deuxième round prévu vendredi se voulait pourtant consensuel: dans son invitation envoyée la semaine dernière, le président de la République appelait à "dépasser les clivages dans l'intérêt du pays", soulignant que les "réflexions sur les pistes d'évolution du référendum devront également être poursuivies".
"Il s'agirait à la fois de saisir des projets de loi relevant de questions dites ‘sociétales’ comme la fin de vie parfois évoquée, mais également de réformes plus larges touchant plusieurs aspects intriqués entre eux, comme c'est le cas des questions migratoires qui relèvent de sujets régaliens, économiques, sociaux ou même diplomatiques", précisait-il.
Mardi 14 novembre, l'Élysée a en outre souligné que la réunion doit permettre de faire "un point sur la situation internationale, notamment au Proche-Orient, dont les conséquences se sont traduites en France par une augmentation des actes antisémites".
Plus encore que celle de LFI et du PS, la fin de non-recevoir de Eric Ciotti apparaît dès lors audacieuse: le patron de LR réclame depuis le printemps un référendum sur l'immigration.
Un paradoxe? La politique de la chaise vide adoptée par le député des Alpes-Maritimes semble surtout s'inscrire dans une séquence plus large.
Car le parti de droite cherche une position sur le projet de loi immigration, tiraillé entre les tenants d'une ligne "constructive" au Sénat et les partisans de la rupture à l'Assemblée qui n'entendent pas voter le texte et font planer la menace d'une motion de censure en cas de 49.3.
Hasard ou coïncidence, le revirement d'Eric Ciotti, qui a surpris jusque dans ses propres rangs, est intervenu au moment-même où se tenait une réunion du groupe LR à l'Assemblée nationale, en présence du président de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez. Un épisode vu par d'aucuns comme une tentative de reprise en main.