Rima Hassan vote contre une résolution sur Boualem Sansal: "Une honte" pour Raphaël Glucksmann

Les députés européens ont voté jeudi une résolution demandant la libération de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré depuis la mi-novembre en Algérie. Le texte, soumis par des élus de cinq des huit groupes politiques du Parlement européen (conservateurs du PPE, socialistes, nationalistes d'ECR, libéraux de Renew et écologistes), a été adopté avec 533 voix pour et 24 contre.
"J'ai voté et j'ai supervisé la rédaction de cette résolution", explique ce vendredi sur RMC et BFMTV l'eurodéputé Raphaël Glucksmann. "Son seul crime est d'avoir écrit et parlé en homme libre. Nous devons obtenir sa libération et c'était un message quasi-unanime du parlement européen".
Le vote contre de Rima Hassan qualifié d'"inhumain" par Bruno Retailleau
"Quasi" car certains ont voté contre comme Rima Hassan de la France insoumise tandis que Manon Aubry s'est abstenu: "C'est une honte! Franchement, s'abstenir ou voter contre un tel texte factuel où il n'y a rien d'idéologique, rien d'historique qui soit contestable, c'est simplement cautionner l'emprisonnement d'un immense écrivain dans des geôles et c'est profondément scandaleux", déplore Raphaël Glucksmann.
"Cette résolution demandait la libération immédiate d'un homme malade, d'un homme âgé", a renchérit le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur Europe 1/Cnews. "Et Mme Rima Hassan dit 'non, je refuse, je vote contre'. C'est inhumain, c'est politiquement scandaleux. Et je demande d'ailleurs à LFI de se justifier", a-t-il ajouté.
Rima Hassan s'est défendue sur X en affirmant dénonçant l'instrumentalisation du cas de Boualem Sansal par la droite et l'extrême droite dans les relations déjà houleuses entre la France et l'Algérie: "Ne pas voter ce texte ce n’est pas s’opposer à la libération de M. Sansal, ne pas voter ce texte c’est s’opposer à l’instrumentalisation qui est faite de son cas", a-t-elle assuré évoquant un écrivain qui "défend dangereusement des thèses identitaires d’extrême-droite".
"Arrêtons l'hypocrisie"
"À de multiples reprises, des porte-paroles de la France insoumise ont pris position pour demander la libération de Boualem Sansal, dont on peut contester vivement les propos (c’est mon cas) tout en considérant que sa place n’est pas en prison", a abondé le coordinateur de la France insoumise Manuel Bompard.
"Mais le texte de la résolution présentée au vote du Parlement européen ne se limite pas à demander sa libération. Il menace de ne pas renouveler l’accord d’association entre l’Union européenne et l’Algérie", a-t-il ajouté.
Pour Raphaël Glucksmann, la rupture avec la France insoumise est actée: "Notre vision du monde, nos principes ne sont pas les mêmes, Notre rapport au débat public n'est pas le même. Arrêtons l'hypocrisie".
Une interview a un média d'extrême-droite à l'origine de son arrestation?
Boualem Sansal, âgé de 75 ans, est incarcéré depuis la mi-novembre en Algérie et poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal, qui sanctionne "comme acte terroriste ou subversif, tout acte visant la sûreté de l'Etat, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions".
Selon Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris des déclarations de Boualem Sansal au média français d'extrême-droite Frontières, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire du pays aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l'Algérie.