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Raphaël Glucksmann fait sa rentrée et veut lui aussi rassembler la gauche hostile à Jean-Luc Mélenchon

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Raphaël Glucksmann, lui aussi, veut rassembler la gauche de gouvernement et la "social-démocratie" en vue des prochaines échéances électorales. Et ce avec la même ambition: reprendre le leadership de la gauche à Jean-Luc Mélenchon et écarter La France insoumise de tout accord programmatique. L'eurodéputé réunit ses troupes ce week-end en Gironde.

François Hollande, Bernard Cazeneuve, Karim Bouamrane, Carole Delga... Et maintenant Raphaël Glucksmann. Tous ont la vocation de représenter et de rassembler la gauche dite de "gouvernement" ou "sociale-démocrate" et ce afin de contrer Jean-Luc Mélenchon et d'ostraciser à terme La France Insoumise des autres partis de gauche.

Celui qui a fondé Place Publique en 2018 et qui était tête de liste aux européennes avec le Parti socialiste, réunit ses troupes à La Réole en Gironde ce samedi. L'eurodéputé, très discret depuis le début des législatives - il avait tenté initialement de prendre le leadership fort de ses 14% des voix au précédent scrutin et étant le premier à gauche - veut désormais revenir sur le devant de la scène.

Toujours un "cap clair"?

En effet, l'homme qui avait un "cap clair" n'a pas vraiment participé à la constitution du Nouveau Front populaire et a eu le sentiment de se faire vite déposséder de son statut de leader de la gauche par Olivier Faure et l'alliance avec le PCF, les Verts et LFI.

Pour cela tout le week-end, il lance le chantier de son mouvement, Place publique, afin de le structurer et le doter d'instances  "Après la dissolution, on a vu une reprise en main des partis. Nous n'étions pas outillés", explique à RMC une proche de l'ancien candidat aux européennes.

Après les européennes, Place publique a multiplié par cinq ses adhérents (près de 11.000 membres). "C'est révélateur, Place Publique est la seule nouveauté à gauche", souligne Saïd Benmouffok auprès de l'AFP. "Quand des discussions s'engagent entre partis, nous n'avons pas l'appareil pour faire face", a reconnu Raphaël Glucksmann dans L'Obs.

"Contrairement à Olivier Faure, j'ai une conviction: si la gauche veut gouverner, elle doit se libérer de Mélenchon et de ses affidés", affirme Raphaël Glucksmann dans Libération.

L'autre objectif affiché est d'élaborer un projet. "A gauche, il n'y a que LFI qui a un programme structuré. A nous de faire de même" détaille un autre cadre à RMC, avec l'idée d'installer le match avec Jean-Luc Mélenchon.

Olivier Faure ne sera pas présent

Sauf que incarner le renouveau de la gauche alternative à LFI est une ambition qui devient presque tout sauf originale. Exemple le plus récent en date, l'ancien président François Hollande et désormais député de Corrèze, ne cache plus lui aussi ses ambitions de se rêver comme de nouveau candidat à l'Elysée et théorise, de nouveau, une confrontation "des deux gauches". Ce à quoi lui a répondu le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, sur X: "Peut-être de la confrontation avec la droite et l'extrême droite?" Ambiance.

Justement, le patron du PS ne viendra pas: Olivier Faure et Raphaël Glucksmann, proches aux européennes, sont en froid depuis la création du NFP. "Raphaël se demande s'il n'a pas été instrumentalisé par Olivier pour conclure avec celui qui veut sa peau, Jean-Luc Mélenchon", résume un socialiste cité par l'AFP.

Quoi qu'il en soit, Raphaël Glucksmann, après avoir participé aux "Rencontres de la gauche" organisées à Bram (Aude) par la présidente socialiste d'Occitanie Carole Delga, veut "reconstruire" une "gauche sociale, européenne, humaniste, écologiste et féministe", explique-t-il à Libération.

Et Raphaël Glucksmann se projette sur la présidentielle de 2027. Pour cette échéance, "ce sera la social-démocratie, et non un succédané du macronisme ou un avatar du populisme de gauche, qui fera face au lepénisme", prédit-il.

Des déçus de la macronie seront là

Sont annoncés le sénateur écologiste Yannick Jadot, plusieurs ténors en rupture avec la macronie, comme l'ex-ministre Aurélien Rousseau, aujourd'hui député Place publique ou l'ancien ministre Clément Beaune. Et des socialistes hostiles à l'alliance avec La France insoumise voulue par le Premier secrétaire Olivier Faure. Telles Carole Delga ou la maire de Paris Anne Hidalgo.

Place Publique se pense-t-il comme le nouveau PS hors-LFI ?

Raphaël Glucksmann "peut être une menace électorale", prévient un autre membre de son entourage à l'AFP. "On peut mettre des candidats partout" et notamment dans un premier temps, aux municipales de 2026. 

Pour le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, "Place publique prendra des militants au PS" si au congrès prévu en 2025, "le PS conserve la même ligne" d'alliance avec LFI. "Raphaël Glucksmann sait que le congrès sera décisif."  L'idée d'une "confédération" entre Place publique et le PS germe dans l'esprit de cette gauche anti-LFI, décrypte un artisan de ce rapprochement.

Mais pour un membre de la direction du PS, en devenant le héros des anti-Faure, Glucksmann pourrait se révéler "radioactif pour le reste de la gauche". Place Publique peut-il siphonner le PS? "Quand il y a une marque installée, on choisit la marque", récuse le même. Un responsable de collectivité socialiste abonde: "La social-démocratie, ça parle à une petite élite militante, pas à la masse des électeurs de gauche."

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D'autant que le maillon faible de la gauche se situe "dans la France périphérique et rurale", rappelle un communiste. "Est-ce que Raphaël Glucksmann permet de remédier à cela? Non."

Une responsable socialiste juge pour sa part peu probable que les élus locaux PS prennent le risque de "se couper d'alliances locales avec le PCF et les écologistes", pour rejoindre Place publique.

Léo Manson avec Cyprien Pézeril et AFP