Voter une loi pour "sauver Marine Le Pen" est "impensable", estime Xavier Bertand

Xavier Bertrand le 21 mai 2023 à Villeneuve d'Ascq - Sameer Al-Doumy / AFP
Il est "impensable" de faire un traitement de faveur avec "une loi d'exception pour sauver Madame Le Pen", a fustigé mercredi Xavier Bertrand, en référence à la proposition de loi pour supprimer l'exécution provisoire qu'Eric Ciotti veut déposer.
"Ce serait impensable parce que ça voudrait dire que l'Assemblée nationale remplace la Cour d'appel, que l'Assemblée nationale intervient avant la Cour d'appel, arrêtons cette confusion des genres", s'est insurgé le président LR de la région Hauts-de-France sur RTL.
Contourner la justice
Eric Ciotti, patron des députés UDR à l'Assemblée et allié du RN, a annoncé mardi que son groupe déposerait une proposition de loi en juin pour "supprimer" l'exécution provisoire après la condamnation choc de Marine Le Pen à une peine d'inéligibilité de cinq ans avec effet immédiat.
Xavier Bertrand a déploré un traitement de faveur envers la patronne des députés RN à l'Assemblée pour laquelle "on trouverait la place pour une loi d'exception pour (la) sauver", alors qu'"on ne trouve pas la place" pour voter les "urgences", évoquant notamment la loi sur les homicides routiers ou celle sur la justice des mineurs.
Pour l'élu LR, cette proposition de "loi Ciotti, Le Pen" reviendrait à "contourner la justice". Il a dénoncé la pression que subissaient les magistrats, ajoutant ne pas vouloir "qu'on joue un mauvais remake du Capitole", faisant référence à l'assaut du Capitole par les soutiens de Donald Trump après sa défaite à l'élection présidentielle de 2020.
Pas une victime
M. Bertrand se réjouit de l'annonce de la Cour d'appel qui devrait rendre une décision à "l'été 2026", qui prouve selon lui qu'"il n'y a aucun complot contre Madame Le Pen" qui va pouvoir "épuiser les voies de recours".
Xavier Bertrand a martelé que Marine Le Pen "n'était pas une victime" et regrette que certains soient tombés dans le "piège de la victimisation", appelant les responsables politiques à préserver "la stabilité des institutions et donc le respect de la séparation des pouvoirs".
Faire front commun
De son côté, l'eurodéputée d'extrême droite Marion Maréchal a appelé les députés "de la droite et du centre droit" à voter la proposition de loi Ciotti et "à faire front commun face à aujourd'hui une dérive extrêmement grave de la magistrature de gauche". "Parce que hier, c'était François Fillon, aujourd'hui c'est Nicolas Sarkozy, c'est Marine Le Pen, demain ce sera Bruno Retailleau ou Laurent Wauquiez", a-t-elle dit sur Europe1/Cnews.
Interrogé sur TF1, le chef des députés LR Laurent Wauquiez "attend de voir exactement quelle sera la proposition" d'Eric Ciotti. "Est-ce que les autres pays européens font ça ? Non. Il n'y a que la France et l'Italie. Donc oui, il y a un débat et ce débat doit être ouvert", a-t-il jugé.