A quoi ont servi les précédentes COP?
La toute première COP a lieu à Berlin. C’est en 1995. COP, en passant, ça veut dire “Conference of the Parties”, qui réunit donc toutes les parties prenantes, la planète entière: 196 pays plus l’Union européenne.
En 1995, le constat est déjà établi. Le GIEC, le groupe d’experts de l’ONU sur le climat, a publié son premier rapport en 1990. Conclusion, l’activité humaine perturbe bien le climat, et risque de provoquer des dommages irréversibles.
En 1992, c’est le Sommet de la Terre à Johannesburg. Vous vous souvenez du fameux “Notre maison brûle" de Jacques Chirac, “et nous regardons ailleurs”. C’est le premier traité signé par 178 pays. Mais personne ne s’engage à rien sauf à discuter. Voilà le point de départ des COP.
La première est ouverte par une certaine Angela Merkel, déjà en 1995. Elle est alors ministre de l’Environnement.
Et il va y avoir des avancées?
En fait la première COP importante, c’est la COP numéro 3. Au Japon, en 1997, avec l’adoption du fameux protocole de KYOTO. C’est la première fois qu’un traité contraignant est signé. Les Etats s’engagent à réduire de 5% leurs émissions de gaz à effet de serre, en 15 ans. Le texte va aussi créer un marché du “droit à polluer”, c'est-à-dire qu’une entreprise polluante par exemple, devra payer pour ses émissions, et acheter des “droits à polluer” à celles qui polluent moins.
Le problème, c’est que ces engagements ne concernent que les pays industrialisés, 38. Mais pas les pays dits “en développement” à l’époque, la Chine et l’Inde notamment.
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Et puis il y aura ceux qui traînent les pieds. La Russie ne va le ratifier qu’en 2004, 7 ans plus tard. Jusque-là, il ne s’applique même pas. Les Etats-Unis, eux, ne l’ont jamais ratifié. Le Canada a fini par en sortir. Bref, Kyoto fut un instrument bien imparfait, mais il a eu le mérite d’exister.
Parce qu’ensuite, les avancées ont été bien timides. Il est devenu rapidement intenable de ne pas intégrer les pays émergents. C’est l’enjeu colossal, en 2009, de la COP numéro 15, à Copenhague qui doit définir l’après Kyoto. Échec cuisant, ni les Etats-Unis ni la Chine ne veulent s’engager. Seule avancée dans ces années, le Fonds Vert, créé pour aider les pays vulnérables au changement climatique.
On en arrive donc à la COP de Paris ?
En 2015, la COP21… Depuis Kyoto 97, ça n'a pas beaucoup avancé. Et le monde se retrouve face au mur. C’est un long processus qui finit par aboutir à l’Accord de Paris signé par les 196 pays. C’est historique, ils s’engagent tous à maintenir en dessous de deux degrés le réchauffement climatique. Et c’est juridiquement contraignant, ce qui a permis à des ONG d’attaquer des Etats. La France notamment a été condamnée pour inaction climatique.
La trajectoire est donc fixée, et c’est majeur. Le problème, c’est comment y arriver. Et on en est là aujourd’hui, avec ce constat implacable: les COP n’ont jamais réussi à inverser la tendance, les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter, de 2% par an. Elles ont doublé depuis les années 70. Il faudrait maintenant qu’elles baissent de 40% d’ici à 2030, ça semble impossible.
D’où le constat amer des experts, le climatologue Jean Jouzel, ou encore l’ingénieur Jean-Marc Jancovici, qui dit que les COP n’ont pas servi à grand chose.
Si rien ne change, le monde va vers un réchauffement de 2,7 degrés, on est encore loin des 2 degrés maximum de l’Accord de Paris, et encore plus de l’idéal d’1,5 degrés.
Alors tout ça n’a servi à rien?
À rien peut-être pas. Déjà ce qui est indéniable c’est que les COP ont braqué les projecteurs sur ces enjeux. Et puis, il y a ce qui se passe autour. Au-delà des négociations, c’est un immense forum où se croisent les ONG, la société civile, tous les acteurs de l’économie verte. 30.000 personnes attendues à Glasgow. Et on peut se dire que les COP ont aussi contribué à sensibiliser l’opinion, qui aujourd’hui met la pression sur les dirigeants.
Et cette COP26 est un Sommet de la dernière chance, c’est ce qu’a dit Boris Johnson