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"C’est le bar des sinistrés": à Chablis, une soirée à la bougie pour des habitants victimes des inondations

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A Chablis (Yonne), les inondations ont provoqué des coupures d’électricité et des évacuations. Certains habitants se sont retrouvés pour passer la soirée dans un bar.

Le département de l'Yonne reste ce mercredi matin placé en vigilance rouge pour risque de crues. Le pic de crue du Serein, dans le célèbre village viticole de Chablis, a été atteint la veille en fin de soirée, normalement... Pour la deuxième fois en trois semaines, l'eau s'est engouffrée dans les rues et les maisons de cette commune de 2.300 habitants. Un groupe de six touristes brésiliens a dû être évacué du domaine Servin. Ils étaient en train de déguster des vins de la maison quand les eaux du Serein ont entouré le domaine. Si la décrue est amorcée, la préfecture a prévenu que les transports scolaires pourraient être perturbés dans le secteur de Chablis.

Dans le centre-ville, ce mardi soir, des routes et l'électricité ont été coupées, des maisons évacuées... "On s’est fait surprendre, explique Mathieu, gérant d’un restaurant à Chablis. On a pris plus d’un mètre en deux heures. On avait anticipé, on a vidé le maximum, on a remonté les machines et ce qu’on pouvait sauver. Le restaurant, c’est un ancien moulin. Il y a la pression de l’eau qui tape contre les fenêtres, donc on a ouvert à l’intérieur. Ce sont de vieux bâtiments, ils sont plus solides que nous. On n’a plus qu’à attendre, on verra bien."

"On cache tous un peu notre tristesse"

Certains habitants se sont dirigés vers le Chablis Bar. L'établissement est resté ouvert pour apporter du réconfort aux sinistrés. "C’est le bar des sinistrés", souffle une habitante. Dans le noir complet, seules quelques bougies éclairent le bar. En bottes, les habitants s’y sont retrouvés pour se soutenir face aux crues.

Mélaine a dû partir de chez elle lorsque l’électricité a sauté: "C’est exceptionnel, impressionnant. On se retrouve avec 16 centimètres dans la maison. Il y a quelques meubles qui ont pris l’eau. Il y a juste à attendre et à croiser les doigts pour que ça redescende vite".

Au menu, planche de charcuterie, pinte et verre de vin, le tout accompagné de musique sur une enceinte portable. Caroline, la gérante, sert des verres, dans le noir, pour réchauffer les cœurs. "On n’a pas décidé d’ouvrir, on n’a pas eu le temps de fermer, explique-t-elle avec un sourire. On s’est fait accaparer par les voisins, les copains… On cache tous un peu notre tristesse. Si on est là, c’est qu’on ne peut plus rien faire chez nous. On va noyer notre chagrin, intelligemment." Un moment suspendu, en attendant de découvrir l’étendue des dégâts après la décrue.

LP avec Joanna Chabas