RMC

24h motonautiques de Rouen: l'annulation de la course pour raisons écologiques crée la polémique

La mairie de Rouen a annoncé qu'elle ne délivrerait plus d'autorisation pour la tenue de la course motonautique. Une décision motivée par l'urgence climatique. Selon la mairie, cet événement, mondialement connu, consomme trop d'essence notamment. 

C’est une décision qui fait polémique depuis ce week-end à Rouen. Le maire PS de la ville normande, allié aux écologistes, a annoncé qu’il ne délivrerait plus d’autorisation et de subvention aux 24 Heures Motonautiques, une compétition d’endurance pour bateaux moteurs qui avait été créée en 1963.

"Le réchauffement climatique, si tragiquement visible cet été à travers des épisodes majeurs et récurrents de canicule, a également des conséquences et nous pousse à agir. Des efforts importants sont demandés à tous, ménages, collectivités, entreprises, notamment en matière de sobriété énergétique. Nous devons être exemplaires", explique la mairie dans un communiqué.

Selon France 3 Normandie, l’événement attire chaque année près de 400.000 personnes sur les bords de Seine.

Ce lundi matin, sur RMC, c’est le président du Yacht Club de Rouen, Gilles Guignard, qui a fait part de sa colère.

“Dans le motonautisme, c’est une compétition qui est unique au monde. Dans ce type de format de course, 24h en bateau, il n’y a qu’en France qu’on peut trouver ça. Mais certains peuvent penser que c’est archaïque, je ne peux rien faire contre cela. De notre côté, on a fait un bilan carbone, et on va essayer de comparer avec d’autres manifestations qui sont soit disant écologistes, propres, et puis on verra. On avait mis en place pour 2023, malheureusement ça ne se fera pas, l’indice de performance. C’est-à-dire qu’on donne un nombre de litres limités d’essence aux bateaux et c’est à eux de se débrouiller pour tenir 24h. On avait aussi commencé à envisager de travailler avec des carburants moins polluants comme le E85 ou le E10”, explique-t-il.

30.000 litres d'essence en 24h

S’il reconnaît qu’à une époque, il y avait une surconsommation de carburant, il affirme que la situation s’améliore, mais qu’il faut "laisser du temps au temps". Un avis que ne partage pas Sarah Vauzelle, adjointe au sport à la ville de Rouen.

“Il ne faut quand même pas oublier que les 24h motonautiques, ce sont 30.000 litres d’essence en 24h. Pour vous donner un petit comparatif, c’est l’équivalent de la consommation annuelle de 50 voitures donc ce n’est pas anodin. Au vu des circonstances actuelles avec les canicules qui s’enchaînent, les incendies qui ravagent la France, on ne peut plus ignorer le changement climatique et à un moment donné, il faut prendre les décisions qui s’imposent même si elles sont difficiles. Et il faut qu’elles soient cohérentes avec la politique qu’on mène depuis le début de notre mandat”, assure-t-elle.

Gilles Guignard dénonce un "deal" entre PS et écologistes

Gilles Guignard soupçonne que la compétition soit dans le viseur des écologistes depuis un moment: "Je pense que, il y a quelques années, au moment des élections, il y a un deal entre certains partis politique et que la suppression des 24h était dans le deal", tacle-t-il.

Si elle ne peut plus être accueillie à Rouen, Gilles Guignard espère voir la course des 24h motonautiques s’implanter ailleurs. “Si une ville pouvait nous recevoir et recevoir cette manifestation qui est mondialement connue, nous irons ailleurs”, pointe-t-il ce lundi matin.

Guillaume Descours