Cop 28: la fin des énergies fossiles figurera-t-elle dans l’accord?

La Cop 28 doit s’achever ce mardi à Dubaï. On ne sait toujours pas si le texte final évoquera la fin du pétrole et du gaz. Et c’est tout l’enjeu de cette grande conférence sur le climat. Est-ce que les mots “énergies fossiles” seront ou pas dans l’accord final? C’est une question tellement explosive que, jusqu'à présent, on a toujours préféré l'éviter. Lors de la Cop 21 en 2015, les mots pétrole, gaz, charbon, énergie fossile, ne figuraient tout simplement pas dans le texte final, les fameux accords de Paris…
Il y a deux ans, lors de la Cop 26 à Glasgow, à l’issue d’un long bras de fer, l’accord avait validé que les pays devaient réduire leur utilisation du charbon. Mais du charbon seulement, car il n’avait pas été question du gaz et du pétrole. A Dubaï, c’est donc la première fois que 200 pays essaient de trouver un accord sur la sortie de toutes les énergies fossiles.
Mais les discussions sont très difficiles. Sans surprise, les pays producteurs de pétrole ne veulent pas entendre parler de décisions contraignantes qui pourraient remettre en cause l’exploitation de leur richesse. L’Opep est le syndicat qui rassemble 23 des plus gros pays producteurs. Son secrétaire général, qui est koweïtien, a appelé ses membres à rejeter fermement tout texte qui ciblerait les énergies fossiles. L'Arabie saoudite est à la pointe de ce combat et demande que l’on prenne en compte ses inquiétudes. Et comme, lors des Cop, l'accord final doit être adopté par consensus, il va falloir trouver des compromis.
On va donc jouer sur les mots. Des mots qui pèsent lourd, puisque les enjeux financiers sont énormes. On a deux camps qui s’opposent. Les partisans de l'élimination progressive des énergies fossiles et les partisans de la réduction progressive. Elimination ou réduction. En anglais, on parle de “phase out”, la sortie du pétrole, ou “phase down”, la réduction du pétrole.
80 pays, dont la France, les Européens et les Américains, sont pour l'élimination à terme des énergies fossiles, le "phase out". Dans ce camp-là, on trouve aussi tous les petits pays les plus menacés par la montée du niveau des océans. Dans le camp en face, on trouve les producteurs de pétrole, dont la Russie. La Chine n’a pas encore clairement donné sa position.
Une solution technique bien trop chère
Quel pourrait être le compromis? C’est là que cela devient très technique. On pourrait trouver un accord sur la sortie des énergies fossiles à condition de préciser: les énergies non capturées. C'est-à-dire que l’on laisserait la porte ouverte à l’exploitation des centrales à gaz par exemple, si ces centrales sont équipées de filtres pour capturer la pollution. Autrement dit, si un jour on parvient à utiliser le gaz ou pétrole sans polluer, alors on pourra continuer… Le problème, c’est que pour l’instant, cela ne marche pas du tout.
La capture des gaz polluants est bien trop chère. Equiper de filtres toutes les centrales du monde coûterait 30.000 milliards de dollars selon une étude de l’université d’Oxford. Le pétrole propre, c’est donc un peu de la science-fiction mais c’est peut-être en n’écartant pas cette hypothèse que l’on trouvera un compromis à la Cop 28.
Pour l’instant, il y a sur la table quatre projets de texte, plus ou moins ambitieux, plus ou moins contraignants, et il reste un peu plus de 24 heures pour trouver un accord. C’est une sorte de sprint final: les négociateurs ne vont plus se quitter et ne vont plus dormir jusqu'à 11 heures ce mardi. Avec l’espoir d’arracher un accord. Sinon, ce serait un échec total. Et la preuve définitive que l’industrie du pétrole est absolument intouchable.