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Drôme: riverains et agriculteurs en conflit autour du bruit des "canons anti-grêle"

Arboriculteurs et viticulteurs utilisent parfois des canons qui émettent des sons et des fréquences vers les nuages menaçants sensés empêcher de faire tomber de la grêle.

Des habitants excédés ont saisi la justice pour tenter de faire interdire des canons anti-grêle utilisés par des agriculteurs pour protéger leurs récoltes. Ces canons émettent des fréquences sonores très fortes et peuvent causer des nuisances. 

Le 5 août dernier, le tribunal de Valence (Drôme) a ordonné l'arrêt de 2 de ces canons anti-grêle installés par des agriculteurs à Mercurol-Veaunes (Drôme). Philippe Barray, habitant de cette commune de 2.600 habitants environ, membre de l’association Sense, salue cette décision de justice sur RMC ce lundi matin, mais rappelle qu'il y a 11 canons sur la commune et que la décision concerne seulement deux d'entre eux. 

"On entend leur volonté de se protéger de la grêle, mais..."

Cette association de riverains Sense, avait recensé en 2018, 4.700 tirs par an et des déflagrations supérieures à 65 décibels, seuil prévu par le code de santé publique.

"Ca fait 35 ans que j'habite dans le village, je ne suis pas un néo-rural comme le disent certains. Mon épouse et moi-même sommes fils et fille d'agriculteurs. On a vécu en très bonne entente avec eux. On entend leur volonté de se protéger de la grêle. Ca a toujours existé."

Un tir toutes les 7 secondes quand le canon est activé

Mais les nuisances sont telles que leur compréhension de cet éternel problème pour viticulteurs et arboriculteurs a des limites. 

"Le bruit au pied du canon est quand même de 130 décibels. J'habite à 350 mètres et j'ai 85 décibels sur ma terrasse. Ce qui est pointé ce n'est pas tellement le bruit mais les émergences à l'intérieur des habitations. la différence entre le bruit ambiant et celle lorsque se déclenche un tir. C'est ce que nous reprochons."

Les industriels qui promeuvent cette technique assurent qu'il faut utiliser leur invention 20 à 30 minutes avant qu'un orage ne menace. Ce qui cause de nombreux tirs de prévention pour les riverains au rythme d'un toutes les 7 secondes.

"Il est reconnu que ça peut avoir des incidences sur la santé publique", assure Philippe Barray. "On était venu dans une région tranquille et c'est un choix qui nous a été imposé. Il n'y a pas eu de concertation. C'est un peu ce que nous regrettons."

"Je n'en veux pas aux agriculteurs. Je pense qu'on les a bernés aussi"

Certains riverains ont décidé de vendre leur maison avec des pertes immobilières.

"Je n'ai rien contre les agriculteurs. Je ne leur en veux pas. Je pense qu'on les a bernés aussi. Concernant l'efficacité des canons, depuis 2017 on a eu trois orages de grêle dont deux petits qui n'ont pas eu d'incidences. Mais le 15 juin 2019 les cultures près des canons ont été détruites malgré tout. On a des photos près d'un canon avec les abricots complètement abîmés."
J.A.