Flambée de la fièvre catarrhale ovine en France, 190 foyers confirmés

Quarante-et-un foyers d'un nouveau type de fièvre catarrhale ovine (FCO), aussi appelée "maladie de la langue bleue", étaient confirmés au 14 août dans six départements du nord de la France. - Ed JONES © 2019 AFP
Le nombre de foyers de fièvre catarrhale ovine (FCO), qui touche essentiellement moutons et brebis, a plus que quadruplé en France en huit jours, avec 190 cas confirmés au 22 août dans des départements du nord du pays.
"On fait face à une explosion des cas, mais toujours à proximité des premiers foyers (...) dans une zone qui s'élargit peu", a indiqué vendredi 23 août le ministère de l'Agriculture.
Dix départements du nord de la France sont désormais touchés: Aisne, Ardennes, Haute-Marne, Marne, Meurthe-et-Moselle, Meuse, Moselle, Nord, Oise, Pas-de-Calais. Un précédent bilan du gouvernement faisait état de 41 foyers le 14 août, dans six départements.
Vaccination tardive
La propagation de la FCO, dite aussi "maladie de la langue bleue", s'accélère également en Europe, l'Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique étant aussi très touchés.
La vaccination contre cette maladie, non transmissible à l'homme et dont un nouveau sérotype (3) est apparu le 5 août en France, a débuté, mais trop tardivement, selon la Fédération nationale ovine (FNO).
"On est bien dans une phase d'explosion. On aurait pu vacciner un mois plus tôt pour avoir l'immunité acquise au pic de l'épidémie", a déclaré à l'AFP Emmanuel Fontaine, en charge des affaires sanitaires à la FNO.
Dans les Ardennes, l'éleveur Bruno Miser a dit sa colère : "On réclame des vaccins depuis le mois d'octobre!" Il vaccine depuis deux jours un troupeau déjà en partie malade et s'attend "à ramasser des cadavres à la pelle" dans les prochains jours.
"Maintenant, il faudrait élargir la zone de vaccination et commander environ 2 millions de doses supplémentaires" pour les ovins, estime Emmanuel Fontaine, alors que l'Etat a pour le moment prévu de distribuer 1,1 million de doses pour les ovins et 5,3 millions pour les bovins, en ciblant les régions les plus à risques, au nord de la Loire où les déplacements d'animaux sont soumis à restriction.
"Détresse des éleveurs"
Le nouveau sérotype 3 du virus été décelé pour la première fois en Europe en septembre 2023, aux Pays-Bas, avant d'être détecté en Belgique, en Allemagne et au Royaume-Uni dans les mois suivants. De premiers cas ont été confirmés début août en France, au Luxembourg et au Danemark.
Face à l'accélération de la propagation, le gouvernement affirme être "à l'écoute de la détresse des éleveurs" et "n'exclut rien", sans s'engager à passer pour le moment de nouvelles commandes de vaccins.
Le ministère de l'Agriculture reconnaît des "lenteurs" dans la première phase de déploiement des vaccins, mais affirme que la campagne de vaccination a démarré "avant l'arrivée des premiers cas" en France.
La fièvre catarrhale ovine se manifeste par de la fièvre, des troubles respiratoires, une langue pendante ou encore la perte des petits en gestation et parfois par la mort des animaux, dans des proportions variables d'un élevage à l'autre. Sa détection n'entraîne pas l'abattage des bêtes, contrairement à la grippe aviaire. Elle touche aussi les bovins, mais avec une mortalité très faible.
La FCO est présente depuis des années en France mais avec d'autres sérotypes, les numéros 4 et 8. Le sud du pays est actuellement confronté à une épizootie de FCO 8 qui a causé la mort de milliers de bêtes dans des élevages ces dernières semaines.