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Hydrogène naturel: pourquoi la France rêve d’être un grand pays producteur

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Dans "Apolline Matin" ce lundi sur RMC et RMC Story, Nicolas Poincaré se penche sur l’hydrogène naturel, qui fait rêver la France avec un potentiel gisement dans les Pyrénées-Atlantiques.

Pour la première fois en France, le gouvernement vient d’autoriser un projet de recherche d'hydrogène naturel dans les Pyrénées-Atlantiques. C’est peut-être ce qui remplacera un jour le pétrole. Et cette autorisation de forage ouvre des perspectives assez extraordinaires. On sait depuis longtemps que l'hydrogène peut être l'énergie du futur. On fait déjà rouler de façon expérimentale des trains, des camions, des taxis, à l'hydrogène. Airbus espère même faire voler des avions aux alentours de 2035. C’est une énergie propre qui ne rejette aucune pollution dans l’air.

Sauf que pour produire l'hydrogène, il faut beaucoup d'électricité. Et si cette électricité est produite par des centrales à gaz ou à charbon, cela n’a plus rien de propre. On parle alors d'hydrogène gris. Si l'électricité provient des éoliennes, des panneaux solaires ou de l'hydraulique, alors on a effectivement une énergie propre que l’on appelle l'hydrogène vert, mais ces énergies renouvelables ne sont pas disponibles en quantité suffisante. On en est là: on sait faire de l'hydrogène propre, mais on ne sait pas le faire de façon massive et rentable.

C’est donc une autre forme d'hydrogène qui pourrait résoudre l’équation. Après l'hydrogène gris et l'hydrogène vert, les espoirs viennent maintenant de l’hydrogène blanc. C'est-à-dire celui que l’on trouvera dans le sous-sol. On parle d’un hydrogène natif, ou naturel, contrairement à l'hydrogène produit industriellement.

Pour la première fois, une entreprise a donc été autorisée à se lancer dans la prospection. Une autorisation lui a été donnée pour cinq ans, pour d’abord faire des études, puis des forages, dans une zone de 200 km² dans les Pyrénées-Atlantiques.

Déjà un gisement colossal en Moselle

La France pourrait disposer d’énormes réserves. Un gisement colossal a été découvert en Moselle cette année, presque par hasard. Des scientifiques du CNRS cherchaient un autre gaz dans la région des anciennes mines de Lorraine. Ils ont percé un petit forage, un trou de six centimètres de diamètre, à peine la taille d’un tuyau d’arrosage. Tout petit, mais très profond.

A 600 mètres, ils ont découvert des petites quantités d'hydrogène naturel. A 1.000 mètres, la concentration atteint 15%. Et selon leurs calculs, à 3.000 mètres de profondeur, on va trouver d'énormes quantités d'hydrogène sous forme de gaz. On parle de 46 millions de tonnes, c'est-à-dire l’équivalent de la moitié de la production mondiale actuelle. L'hydrogène blanc est peut-être le pétrole de demain. Et la bonne nouvelle, c’est que la France serait un pays producteur. Le producteur d’un carburant qui ne rejette aucun gaz à effet de serre.

Malheureusement, ce n’est pas pour demain… Il va d’abord falloir confirmer la présence de cet hydrogène blanc a environ 3.000 mètres de profondeur. Et ensuite, il faudra trouver comment aller le chercher. Les techniques actuelles d’extraction du pétrole et du gaz ne conviennent pas. Il va falloir en inventer de nouvelles pour séparer, en profondeur, l'hydrogène des autres gaz. Ce que l’on ne sait pas faire pour le moment. Il va falloir être inventif, investir beaucoup, trouver un moyen pour que l'hydrogène propre coûte moins cher que l'hydrogène sale.

Les enjeux sont énormes en termes de réchauffement climatique, d’aspects financiers, d'indépendance énergétique de la France. Les plus optimistes espèrent faire aboutir ce rêve dans quelques années.

Nicolas Poincaré