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Jouer à un jeu vidéo par la pensée: un singe y arrive grâce à Elon Musk

C'EST DEJA DEMAIN - Connecter le cerveau humain à un ordinateur: c’est l’un des projets fous du milliardaire Elon Musk. Dans la nuit de jeudi à vendredi, il a présenté une démonstration à la fois fascinante et effrayante : on y voit un singe jouer à un jeu vidéo par la pensée.

Une vidéo assez troublante a été publiée sur la chaîne Youtube de Neuralink, le nom de ce projet complètement fou. On y voit Pager, un macaque de 9 ans auquel on a implanté une puce électronique dans le cerveau, un implant neuronal qui lui permet de jouer à un jeu vidéo par la seule force de son cerveau.

Le jeu, c’est Pong, où il faut envoyer une balle d’un côté à l’autre de l’écran. On le voit se concentrer sur l’écran. Et la balle bouge d’un côté à l’autre, comme si vous et moi on jouait avec une manette. Pour être précis, on lui a d’abord appris à jouer normalement, avec une manette, en lui donnant un smoothie à la banane comme récompense quand il réussissait.

Pendant ce temps la puce électronique analysait les signaux électriques envoyés par son cerveau quand il jouait, pur savoir quels neurones correspondaient à quelle commande. Et ensuite on a enlevé la manette. Et le singe continue à jouer comme si de rien n’était.

C’est ce qu’on appelle une interface cerveau machine. C’est l’un des grands projets d’Elon Musk, qu’on connaît pour Tesla, SpaceX, mais il a aussi créé une entreprise qui s’appelle Neuralink, en 2016, qui est sûrement son projet le moins connu mais aussi le plus intrigant et le plus spectaculaire.

L’étape d’après, ce serait de faire la même chose… avec les êtres humains

Pour le dire simplement, l’objectif serait d’implanter une puce dans le cerveau humain afin de booster son activité cérébrale. Elon Musk explique qu’une personne paralysée pourrait utiliser ce genre d’implant pour dicter un SMS par la pensée, plus rapidement que lorsque vous ou moi tapons avec nos doigts.

Il suffirait de penser à une phrase pour l’écrire. Et à terme, à des personnes paraplégiques de marcher. Ce serait, explique Elon Musk, une opération très simple, on n’aurait même pas besoin de passer la nuit à l’hôpital et ça ne laisserait qu’une petite cicatrice derrière l’oreille. Mais à terme -c’est là que ça devient à la fois fascinant et digne de Black Mirror- ces puces permettraient à monsieur et madame tout le monde de donner une puissance informatique à leur cerveau, d’en doper les capacités. Bref, de créer un humain augmenté.

Selon Elon Musk ce serait le seul moyen pour que les humains puissent rivaliser et être compétitifs face à la montée en puissance de l’intelligence artificielle ! Elon Musk part du principe qu’aujourd’hui pour traduire une pensée en mots ou en image, on est à l’âge de pierre, il suffit de regarder la vitesse à laquelle on tape un message sur son smartphone.

Peut-être que dans quelques années, le fait de tapoter l’écran tactile d’un smartphone nous semblera aussi archaïque que celui d’écrire avec une plume d’oie.

Avancée scientifique ou marketing?

Avec Elon Musk c’est toujours compliqué de dire ce qui relève de la vraie avancée scientifique et du marketing. Et on manque encore de publications scientifiques dans des revues à comité de lecture pour donner de la crédibilité à tout ça. Mais ce qui est certain, c’est qu’il n’est pas le seul grand nom de la tech à s’intéresser au sujet, donc si il est fou, il n’est pas fou tout seul.

Facebook par exemple, travaille aussi sur des interfaces cerveau-machine. Mark Zuckerberg a racheté pour près d’un milliard d’euros une entreprise qui veut relier notre cerveau à des ordinateurs. Une entreprise assez fascinante, qui s’appelle Control Labs. Un spécialiste des interfaces neuronales.

Ce qu’imaginent ses créateurs, c’est que demain, vous êtes sur votre profil Facebook, vous voulez partager une photo : le simple fait que vous pensiez à cliquer sur une souris pour partager la photo va la publier sur le réseau social. Parmi les domaines d’applications possible: des jeux en réalité virtuelle où on pourrait piloter certaines actions par la simple force de la pensée. Facebook veut lire dans nos pensées, il n’y a pas forcément de quoi se réjouir.

Anthony Morel (avec J.A)