RMC
Sciences Nature

"Le papier toilette s’en va dans la mer": sur le bassin d’Arcachon, les égouts débordent encore

placeholder video
Après la contamination des huîtres du bassin d’Arcachon en décembre dernier, la justice impose au gestionnaire des eaux usées de réaliser des travaux d’urgence. Car les égouts débordent encore, à proximité des élevages ostréicoles.

Le ministre de la Mer, Hervé Berville, est à Arcachon ce jeudi matin pour apporter son soutien à la filière ostréicole. Cet hiver, la filière du bassin d'Arcachon a vendu deux fois moins que l’année dernière. Les huîtres avaient été interdites à la vente en décembre dernier, la faute à une contamination de l’eau au norovirus. Le tribunal de Bordeaux a tranché ce mardi: c’est bien le gestionnaire des eaux usées qui est responsable.

La justice lui demande de réaliser des travaux d'urgence sous peine d'astreintes journalières de 1.000 euros. Le SIBA, qui gère les eaux usées, s’est toujours défendu derrière le caractère exceptionnel des précipitations de cet hiver. Depuis la décision du tribunal, il ne fait pas de commentaires. Mais les égouts débordent à nouveau, sur le bassin d’Arcachon. Les communes d’Andernos et Audenge ont été touchées. Et à Lanton, c’est la troisième fois en trois mois que ça arrive. Une situation qui excède les riverains et professionnels.

Les huîtres encore boudées par les consommateurs

Juste en face de chez Annick, l’eau de la station d’épuration déborde jusque dans son jardin. "Il y en a un peu partout. J’ai vu sur les bouches d’égout du papier toilette qui s’en va dans la mer", raconte cette habitante. Cinq jours que ses toilettes sont bouchées, cinq jours que l’eau coule sur son terrain... La maire de Lanton, Marie Larrue, est venue lui rendre visite, bottes aux pieds. "Ce qui m’inquiète, ce sont les odeurs, appuie Annick. A chaque fois, ce n’est jamais désinfecté. J’ai lu qu’il y avait une procédure de justice et qu’il y aura des travaux. Mais je sais que ce n’est pas dans l’immédiat. On va passer un été pourri."

Et ce sont ces rejets d’eaux usées dans le bassin qui ont été responsables de l’interdiction de la vente d'huîtres en décembre. Le tribunal de Bordeaux donné un an au syndicat intercommunal pour faire des travaux d’urgence. Mais ce n’est pas suffisant pour Thierry Lafon, ostréiculteur, qui a porté plainte contre le syndicat en janvier: "On reconnaît une culpabilité, une responsabilité. C’est la base. Mais pour ce qui est d’avancer sur des solutions, ce n’est certainement pas une décision prise dans l’urgence qui peut aller au fond du problème". D’autant que ces débordements nuisent à l’image de l'huître, toujours boudée par les consommateurs depuis le début de l’année.

LP avec Pierre Bourgès