Loi anti-gaspillage: "La crainte c'est que les marques utilisent Emmaüs comme une poubelle"
A l'occasion de ses 70 ans, Emmaüs organise ce dimanche une grande vente de solidarité au Parc des expositions, porte de Versailles à Paris. Près de 20.000 personnes sont attendues pour acheter meubles, vaisselle, livres, vélos, jouets ou équipements électroménagers…
Un événement qui permet de "chiner solidaire" à moindre coût et d'éviter d'acheter du neuf. Une 2e vie pour les objets qui pourrait devenir de plus en plus courante.
La destruction des invendus non-alimentaires (vêtements, électroménager, produits d'hygiène ou de beauté etc.) va être interdite d'ici deux à quatre ans en France, a annoncé, mardi 4 juin, Edouard Philippe. Le Premier ministre a présenté la mesure comme une "première mondiale".
"La crainte c'est que les marques ne se saisissent pas de ça pour changer leurs pratiques"
Une avancée qui pourrait profiter à Emmaüs. Avec cette loi anti-gaspillage, Emmaüs recevra encore plus de produits invendus. Mais Amandine, chargé de mission Textile à Emmaüs, craint que ce soit contre-productif.
"La crainte c'est que les marques ne se saisissent pas de ça pour changer leurs pratiques, qu'ils se servent de nous comme d'une poubelle. Et qu'après c'est à nous de faire le tri, et malheureusement si nous on reçoit des vêtements qui sont pas vendables parce que de trop mauvaise qualité, on est obligés de les jeter."
"On souhaite que la loi soit un peu plus précise et que le réemploi soit priorisé, devant le recyclage"
Il faut donc mener une plus large réflexion sur le gaspillage comme le demande Valérie Fayard, déléguée générale d'Emmaüs France.
"Ce que l'on souhaite c'est que la loi soit un peu plus précise que ce qu'est aujourd'hui et que le réemploi, la réutilisation soit la priorité, devant le recyclage. Cette loi elle doit être le moment pour les différents acteurs de se interroger sur ces modèles complètement fous d'économie de la surproduction et de la surconsommation."
Selon Matignon, plus de 600 millions d'euros de produits non alimentaires invendus sont jetés chaque année.