Inondations dramatiques en Italie: pourquoi les phénomènes de météo extrême se multiplient

Les inondations en Italie ont fait au moins 13 morts et des milliers de personnes ont dû être évacuées. C’est un nouvel épisode de météo extrême, un phénomène qui touche l'Europe de plus en plus souvent. Le maire de la petite ville de Forli a écrit sur sa page Facebook: "C’est la fin du monde". Il a écrit ça dans la nuit de mardi à mercredi en voyant les habitants fuir leurs maisons, pieds nus avec de l’eau jusqu'à la taille. C’est là que l’on a retrouvé les premières victimes. C’est au sud de Bologne, en Emilie-Romagne. Pas très loin d’Imola, qui devait accueillir ce week-end le Grand Prix de Formule 1, qui a été annulé.
Entre mardi et mercredi, il est tombé en 36 heures, par endroits, jusqu'à 50 centimètres de pluie. C’est la moitié de ce qui tombe normalement en un an. Le verger de l'Italie est touché. D’immenses superficies agricoles sont noyées. 13.000 personnes ont dû être évacuées. L'armée a été appelée en renfort, avec des hélicoptères et des bateaux pneumatiques pour aller chercher les milliers d’habitants isolés, cernés par les eaux. Bref, c’est une nouvelle catastrophe climatique…
Le ministre italien de la Protection civile parle d’un phénomène de “tropicalisation”. Il dit que “rien ne sera plus comme avant” en raison de ce phénomène qui monte de l’Afrique et atteint l’Italie. Ce terme de “tropicalisation” n’est pas validé par les spécialistes du climat. Il renvoie à la chaleur très élevée et très humide que l’on trouve près de l’équateur, sous les tropiques. Ce n’est pas comparable au climat de l'Italie.
Mais c’est vrai que les températures augmentent en Italie et que chaque degré en plus, c’est 7% de vapeur d’eau en plus. Et cette humidité de l’air finit par provoquer des précipitations plus abondantes. Il va falloir s’habituer en Italie à des longues périodes de sécheresse suivies par de fortes pluies, avec de l’eau qui tombe sur des sols desséchés, ce qui aggrave les inondations. C’est ce qui vient de se passer cette semaine dans le nord de l'Italie, mais c’est toute l'Europe et le pourtour méditerranéen qui est menacé de “tropicalisation”.
On se souvient des inondations en Allemagne et en Belgique en 2021, de la canicule et des incendies en France en 2022, de la sécheresse en Espagne cette année.
Des records de chaleur attendus sur la période 2023-2027
Mais est-ce que l’on assiste vraiment à une augmentation des phénomènes météo extrêmes? À l'échelle de la planète, non. Ces canicules, orages, ouragans, sécheresses ou vagues de froid, il y a en a eu environ un millier l’an dernier. C’est dans la moyenne de ces dernières décennies. Pas plus d’accidents climatiques en nombre, mais des phénomènes de plus en plus violents qui ont fait plus de 30.000 morts l’an dernier, trois fois plus que la moyenne des années précédentes. Et le coût de ces catastrophes ne cesse d’augmenter. Plus de de 100 milliards de dollars l’an dernier… Depuis dix ans, l'augmentation est constante.
Et les prévisions ne sont pas bonnes. L’organisation météorologique mondiale vient de prévenir qu’il faut s’attendre à des records de chaleur sur la période 2023-2027, qui devraient être les cinq années les plus chaudes de l’histoire. Et une de ces années devrait battre le record de chaleur à l'échelle mondiale, qui date de 2016. Ces spécialistes estiment que leurs prévisions ont 98% de chance de se réaliser. Autrement dit, pour eux, c’est quasi certain.
C’est la conséquence du réchauffement climatique global et du phénomène "El niño". C’est un réchauffement de l'eau dans l'océan Pacifique qui revient régulièrement et qui est attendu pour la fin de cette année. Sans attendre, on a connu en avril des températures dignes d’un mois d'août en Espagne, au Portugal, au Maroc et en Algérie. Mais aussi au Vietnam et en Thaïlande. Le patron de l’organisation météorologique mondiale a prévenu cette semaine : "Il n’y aura pas de retour en arrière".