Tendance, droits d'auteur, encadrement: le "Ghibli style" généré par l'IA agite les réseaux sociaux

Même le Président français Emmanuel Macron, Gabriel Attal ou encore le compte X de la Maison blanche l'ont utilisé. Le "Ghibli style" est devenu un phénomène viral ces derniers jours sur les réseaux sociaux. Il s'agit de photos transformées en images de dessins animés, du célèbre studio Ghibli, grâce à l'intelligence artificielle.
Ce studio d'animation a notamment créé "Le tombeau des lucioles", "Le château dans le ciel", "Le voyage de Chihiro", avec le style très distinctif d’Hayao Miyazaki. Un design simple, mais très expressif, esthétique et chaleureux.
Beaucoup d'internautes se sont amusés à transformer leur photo de profils, des photos de famille, d’autres à reprendre tous les memes populaires d’internet ou moments iconiques, de la tentative d’assassinat de Donald Trump à Steve Jobs présentant le premier iPhone. Pour les transformer en images qu’on croirait réalisées par le studio Ghibli.
C’est d’une simplicité absolue, il suffit d’entrer une image, de demander à l’IA de la transformer en copiant le style Ghibli, et le résultat est bluffant. La qualité du rendu de ces IA génératives d’images s’est améliorée de façon très spectaculaire ces derniers mois. Il s'agit en l’occurrence de la dernière version de ChatGPT.
Qu'en est-il des droits d'auteur ?
Beaucoup d'autres internautes se sont plutôt insurgés de cette utilisation de l'IA et y ont vu un manque de respect, voire un pillage sans vergogne de l'oeuvre originale. Pourtant ce n'est pas illégale. Un style artistique n’est pas protégé par le droit d’auteur, ce sont les œuvres spécifiques qui le sont. Il est interdit de copier un personnage spécifique, mais il est tout à fait possible, même si cela peut être jugé moralement discutable, de créer des personnages qui ressemblent comme deux gouttes d’eau à des personnages de Miyazaki sans enfreindre la loi.
La question de l’utilisation commerciale de ces images est plus épineuse. Ce qui pose aussi question, c’est le mode d’entraînement de ces intelligences artificielles. Pour copier ce style, il a bien fallu qu’elles s’en inspirent, qu’elles s’entraînent en siphonnant des tonnes d’images originales de Miyazaki, Pixar, Dragon Ball ou autres, évidemment sans leur consentement.
Hayao Miyazaki a, à plusieurs reprises, déclaré son opposition à l’intelligence artificielle. Dans une vidéo devenue virale, qui date d’il y a 8 ans, on voit une équipe de programmeurs qui lui montrent un personnage créé à partir d'une IA, avec l’idée de pouvoir dessiner comme des humains. Il se crucifie sur place en expliquant que le résultat est "une insulte à la vie."
Quelles solutions ?
Certains proposent donc que les artistes qui ont fourni les données qui ont servi à entraîner l’IA soient compensés financièrement. Mais il est très difficile de retrouver les textes ou les dessins dont un algorithme s’est inspiré pour générer un rendu.
Autre solution: ne permettre aux algorithmes d’utiliser uniquement des œuvres dont les artistes ont donné leur consentement. Ou encore de développer des outils technologiques qui permettraient de protéger les œuvres originales, les empêcher d’être utilisées par l’IA.
C’est notamment le projet Glaze, un logiciel qui a été conçu par des étudiants américains pour créer une sorte de filigrane qui va rendre une œuvre impossible à copier pour l’IA. Invisible à l’œil nu, mais des modifications sur certains pixels de l’image vont venir perturber les algorithmes. Une façon pour l’artiste d’empêcher que son style soit copié.