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Un président américain climatosceptique, "une opportunité pour l'Europe et la société civile"

Intronisé ce vendredi président des Etats-Unis, Donald Trump a un lourd passif en ce qui concerne les questions écologiques. Il a dénoncé l'accord de Paris durant sa campagne, puis nommé un grand partisan des énergies fossiles à la tête de l'Agence américaine pour l'Environnement. Paradoxalement, Tristan Lecomte, fondateur d'Alter Eco, voit en lui la possibilité d'une vaste mobilisation en faveur de l'écosystème.

Tristan Lecomte, fondateur d'Alter Eco et Pur Projet:

"L'élection de Donald Trump peut entraîner une véritable mobilisation en faveur de l'environnement et on le voit déjà avec les partenaires de mon collectif Pur Projet et différents mouvements d'entreprises qui commencent à se mobiliser, en particulier aux Etats-Unis. Ces acteurs ne voient pas dans la question climatique une contrainte, mais, au contraire, un ensemble d'opportunités d'innovations dans des secteurs comme l'énergie, le solaire. C'est aussi un vivier de création d'emplois et de richesses. 

Le triomphe de l'égoïsme

La position défensive, voire négationniste de Donald Trump en ce qui concerne l'environnement ne peut que faire prendre du retard à l'économie américaine. Quelque part, c'est donc une chance pour l'Europe mais aussi la Chine d'investir massivement dans les nouvelles technologies et les techniques relevant de la protection de l'environnement. 

Je ne crois pas, d'ailleurs, que Donald Trump puisse dénoncer unilatéralement l'accord de Paris, comme il l'a annoncé pendant sa campagne. De plus, il a tellement de chantiers en cours devant lui, comme l'emploi par exemple, qu'il ne se risquera sans doute pas à un combat politique pour revenir en arrière par rapport aux engagements pris à Paris. 

Cependant, il ne faut pas oublier qu'au moins la moitié des Américains l'ont élu. Ces gens estiment que ce qui compte c'est avant tout leur manière de vivre, alors même qu'ils sont à la racine des problèmes environnementaux de la planète. C'est le triomphe de l'égoïsme. La question du climat, c'est une question de solidarité internationale mais les pays riches sont responsables de 90% des gaz à effet de serre durant ces cinquante dernière années. Et au sein de ces Etats, on observe une tendance portée par une moitié de la population d'en rester à un statu quo tandis que l'autre veut que ça bouge. 

Le monde continuera de tourner

Il le faut car si les Américains gagneront peut-être davantage à très court terme avec cette politique, ils seront de plus en plus dépendants des énergies fossiles et seront pris de court par les avancées technologiques et écologiques de l'Europe ou de l'Asie. 

Au fil du temps, on se rend compte qu'on va devoir changer de société. Plus on s'engage tard, plus on y perd économiquement. En revanche, plus on fait ce choix précocement, mieux on se prépare et on est à même de gagner des parts de marché.

En ce moment, je suis à Davos, où se déroule le forum économique mondial. En écoutant les acteurs, que ce soit les ONG, les entreprises ou les dirigeants politiques, on comprend qu'avec ou sans Trump, le monde continuera de tourner."

Propos recueillis par Robin Verner