"On va avoir des problèmes immenses": les victimes des crues redoutent l'avenir

À Redon, en Ille-et-Vilaine, département toujours placé en vigilance rouge, comme la Loire-Atlantique et le Morbihan ce jeudi, il ne reste plus q'un seul axe routier qui rejoint la ville. La totalité des trains sont annulés jusqu'à samedi matin, alors que Redon est un point de passage pour aller de Rennes à Nantes ou Lorient.
Les pompes à eau tournent à plein régime
Le centre-ville a lui été bouclé mercredi soir. Il ne reste plus que les camions de pompiers et le bruit des pompes à eau dans la rue principale, qui purgent le sous-sol de l'hôtel Sedrez. "Depuis hier (mercredi), en début d'après-midi, ils ont envoyé une équipe pour pomper l'eau qui aurait dû toucher le compteur électrique de l'hôtel. Ça aurait pu impacter tout le quartier, qui aurait été évacué. Ça aurait été encore plus compliqué", explique Joseph Murr, le propriétaire de l'établissement.
L'hôtel héberge quelques sinistrés. 25 d'entre eux ont trouvé refuge dans un gymnase ouvert par la ville, qui a prévu 200 places d'urgence au total, même si une large partie des 750 habitants, invités à évacuer, a sollicité de la famille ou des amis. Parmi les sinistrés réfugiés dans le gymnase, Gilles se refait la scène dans sa tête:
"J'entendais comme une marmitte en train de bouillir. C'était des bulles et l'eau qui remontait par la douche. Le lit est à 30 centimètres, donc ça va pourrir. La literie va partir à la poubelle."
Pour lui, impossible de trouver la tranquillité depuis que la crue l’a forcé à quitter son appartement du rez-de-chaussée. Gilles ne pense pas pouvoir retourner vivre chez lui avant plusieurs semaines.
Des habitants privés de maison, et de travail
Eric, lui, ne veut pas quitter sa maison. Armé de générateurs et de quatre pompes, cet habitant du quartier du port est complètement déboussolé: "Là, c'est la désolation totale. Les planchers, les murs, toutes les portes, les boiseries, on voit bien, l'eau est montée, montée, montée. On va avoir des problèmes immenses."
Devant chez lui, deux voitures baignent dans la Vilaine. Un atelier d’architecture est également sous les eaux. "On s'est retrouvé avec des trucs qui flottaient dans tous les sens, du bois éparpillé un peu partout. En fait, la perte, ça va être surtout en temps parce que là concrètement, on ne va pas pouvoir travailler", décrit Raphaël, qui travaille dans cet atelier.
En Ille-et-Vilaine, plus de 100 routes ont été coupées ou déviées tandis que 38 villes ont activé leurs Plans communaux de sauvegarde, selon la préfecture.