"Petits gestes" pour économiser l’énergie: "Hypocrite et injuste" selon Greenpeace France
Eteindre les lumières et les appareils électriques, couper le wifi, baisser la clim et le chauffage… Les Français sont appelés par le gouvernement à faire "un effort" sur leur consommation d’énergie, en multipliant les "petits gestes", comme l’a expliqué le porte-parole, Olivier Véran, à l’issue du conseil des ministres ce mercredi. Mais cela sera-t-il suffisant? Pour Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France, c’est "hypocrite, injuste et pas forcément efficace".
"Le gouvernement a eu d’innombrables occasions de faire ce travail-là, de mettre la France sur ce chemin d’une véritable transition énergétique, d’avoir une véritable politique de sobriété énergétique, souligne-t-il dans ‘Apolline Matin’ ce jeudi sur RMC et RMC Story. C’est-à-dire mieux maitriser nos consommations d’énergie. Et le gouvernement n’a pas saisi ces opportunités. Il y a deux ans, avec la Convention citoyenne pour le climat, il y avait tout un tas de propositions qui pouvaient nous mettre sur la voie d’un modèle énergétique différent. Là, au pied du mur, parce que plus de la moitié de notre parc nucléaire est à l’arrêt, qu’il y a la guerre en Ukraine, etc., le gouvernement vient demander aux Français de faire les efforts que lui n’a pas voulu faire ou faire faire aux grandes entreprises. C’est effectivement hypocrite, injuste et pas forcément efficace."
"On a besoin de contraintes"
Pour Jean-François Julliard, tout ne doit pas reposer sur les citoyens. "Chacun et chacune doit bien sûr faire des efforts et ces gestes-là comptent, mais faire croire que c’est suffisant, c’est mentir aux Françaises et aux Français, estime le directeur général de Greenpeace France. Ce n’est pas en coupant nos box wifi, en limitant la clim pour ceux qui l’ont, qu’on va régler les problèmes de souveraineté énergétique et la crise climatique en France. Et c’est faire porter cette responsabilité uniquement sur les Français. Que fait le gouvernement de son côté ? Rien ou pas suffisamment."
Et selon lui, il faut impérativement imposer des règles contraignantes aux grandes entreprises. "C’est indispensable, assure Jean-François Julliard. Je ne comprends pas ce refus permanent et répété de ne pas imposer de contraintes. La contrainte, c’est aussi quelque chose de positif. C’est aussi ce qui fait qu’on peut vivre correctement en société. Vous sortez dans la rue, le code de la route qui permet de ne pas se faire écraser par une voiture au premier coin de rue, c’est une somme de contraintes. Mais ce sont des contraintes qui permettent de vivre en société. On a besoin de contraintes. On a besoin de contraindre les grandes entreprises à faire les efforts qu’elles ne feront pas si elles ne sont pas obligées de le faire, sur les réductions de leur consommation d’énergie, de leur émission de gaz à effets de serre… On a besoin de contraindre les propriétaires de logements pour les obliger à rénover les logements, pour faire en sorte qu’ils consomment moins d’énergie et permettre à ceux qui les occupent de vivre plus décemment. Ça ne se fait pas sans obligation, mais c’est positif pour la société."