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Sécheresse des Pyrénées-Orientales: finis bouchons de baignoire à l'hôtel et seaux à glaçons au resto

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Alors qu'il pleut abondamment depuis le début de l'année sur la plupart des régions françaises, les Pyrénées-Orientales sont toujours en situation de sécheresse. La crise est telle que les hôteliers prennent 60 mesures pour faire des économies d'eau.

En proie aux fortes chaleurs et au manque d'eau depuis deux ans, les Pyrénées-Orientales se prémunissent. Tous les moyens sont bons pour économiser la moindre goutte d'eau. C'est au tour des hôteliers-restaurateurs de se mobiliser avec une charte. La charte “Save the Water”, co-signée par la préfecture et l'Umih, l'union des métiers de l'hôtellerie.

“L’agglomération de Toulouse va pratiquer une différenciation des prix en été et en hiver. Nous, on n’a pas voulu taper les clients au portefeuille", explique ce mardi sur RMC Brice Sannac, président de l’Umih 66.

"Il y a une raréfaction de l’eau sur le bassin méditerranéen, on le sait, on est sur une période qui est un peu plus tendue qu’à une autre époque. Donc on a décidé de mettre en place des actions coordonnées avec l’ensemble de la profession, les hôteliers, les restaurateurs, les clubs de plage, pour mieux accueillir nos clients et surtout de manière beaucoup plus vertueuse", poursuit-il

Témoin RMC : Brice Sannac - 09/04
Témoin RMC : Brice Sannac - 09/04
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L’Umih propose aux établissements signataires de se plier à des règles 60 règles. Par exemple, retirer les bouchons de baignoires dans les chambres. Ça, Nicolas, patron de l'hôtel les Mouettes à Collioure, l'a déjà fait, c'est assez simple.

Mais pour signer la charte, il doit installer des systèmes de réutilisation des eaux usées de la piscine. “Ça va nécessiter des coûts importants mais bon, on a envie de limiter notre consommation d’eau donc on va le faire”, assure-t-il.

La fin des seaux de glaçons fait débat

Un système qui doit permettre une réutilisation massive de l’eau. “Aujourd’hui, avec la réutilisation des eaux de filtrages des piscines, des jacuzzis, une goutte sert deux fois chez nous, pour l’agriculture, pour nettoyer les rues, pour remplir les camions de pompiers. C’est un territoire qui s’est mobilisé et qui est le laboratoire de la France pour un tourisme responsable”, détaille Brice Sannac.

Côté restaurateurs, fini les seaux de glaçons pour votre vin ou votre champagne. “C’est comme si vous me disiez que pour faire des restrictions d’eau on n’a qu’à ne pas laver les assiettes”, dénonce Jérémy gère un bar de plage.

“Quand on paye une bouteille de vin, il faut un service qui soit différent par rapport à si on l’achète dans une épicerie. Est-ce que les seaux à glaçons représentent une forte part du gaspillage de l’eau des Pyrénées-Orientales? Je n’en suis pas forcément certain”, estime-t-il.

Le patron de l'Umih 66 rassure sur ce point: "On aura des chaussettes réfrigérantes et toujours des glaçons dans le rosé ne vous inquiétez pas!", explique Brice Sennac.

Objectif département le plus vertueux en économies d'eau ?

Et pourtant chaque geste compte. C'est ce que martèle Nicolas Garcia, maire d'Elne et vice-président du conseil départemental. “Le système n’est plus viable. Le respect des restrictions, c'est la durabilité du commerce et de l’hôtellerie”, assure-t-il.

Lui espère aujourd'hui que malgré les sacrifices, plus d'un millier de professionnels signent cette charte d'engagement.

"Il faut avoir de l'ambition. On prend des engagements jusqu'en 2030, avec aussi la réutilisation les eaux de douche pour les WC", illustre Brice Sennac, qui estime que pour l'agriculture tirer les eaux du Rhône "une solution de bon sens pour l'irrigation".

Inès Zeghloul avec Guillaume Descours