"Comme dans le désert": dans les Pyrénées-Orientales, la sécheresse fait des ravages en plein hiver

En plein hiver, les Pyrénées-Orientales font face à une dramatique sécheresse. Absence de pluie et de neige, nappes phréatiques pratiquement à sec, déficit pluviométrique qui atteint déjà 80% pour le mois de janvier... Des chiffres dans la lignée des derniers mois puisqu'en 2023, seuls 245 mm de précipitations ont été recensés, contre 560 mm, habituellement. Une sécheresse aussi favorisée par des températures estivales: 27,5°C à Céret, 25,6 Perpignan et 25,3 à Vives.
Quarante communes sont placées sous surveillance et cinq sont ravitaillées par bouteilles. Et les restrictions d'eau se multiplient, comme à Elne: "Mon sol est totalement sec, rien ne peut pousser dessus", raconte à RMC Jean-Marie, retraité qui vit dans la petite ville de 8.000 habitants. Soumis à des restrictions d’eau, il ne peut arroser que deux fois par semaine, et en très faible quantité: "On est comme dans le désert, il ne reste plus qu'à installer des palmiers", ironise-t-il. "On ne pourra pas cultiver dans quelques années", ajoute-t-il, inquiet.
Comme lui, les habitants de la commune ne sont pas rassurés: "Cela fait depuis septembre qu'on n'a pas eu vraiment beaucoup d'eau", rappelle l'un d'eux. "Il y a de l'inquiétude parce qu'on ne sait pas comment on va arriver cet été", ajoute un autre.
"En deux ans, on a perdu les deux tiers de la pluviométrie"
Car les nappes phréatiques sont à sec et le débit des rivières est très faible, explique Nicolas Garcia, maire d’Elne et premier vice-président du Conseil départemental en charge de l’eau: "Pour avoir une recharge normale des nappes phréatiques, il faudrait 1m50 à 2m d'eau de plus dans le Tech", la rivière qui traverse la ville.
"En deux ans, on a perdu les deux tiers de la pluviométrie", alerte l'élu. Alors les restrictions se multiplient. "On ne peut pas utiliser l'eau en dehors des besoins humains. Il y a quelques possibilités avec des exceptions pour les agriculteurs et les petits potagers privés qui peuvent être arrosés deux fois par semaine après 20h. Mais tout le reste, comme le nettoyage des rues et des véhicules ou le rechargement des piscines, est interdit", énumère Nicolas Garcia.
"Il pleut comme en Andalousie"
"C'est du jamais-vu. Il pleut comme en Andalousie. On est passé de 500 mm au m² à moins de 240 mm. On ne voit pas arriver la pluie, on nous en annonce mais on voit les nuages s'arrêter avant", ajoute le maire de la ville, qui a fait interdire l'année passée la construction de nouvelles piscines sur sa commune.
Autre mauvaise nouvelle, c’est qu’il y a peu à espérer de la fonte de neige, car pour l’heure, l’or blanc fait cruellement défaut dans les Pyrénées. Mais Nicolas Garcia veut garder espoir: "Les économies de l'an dernier ont porté leur fruit. On travaille aussi sur des retenues de stockage et la réalimentation de nappes avec les barrages".
Pour éviter d'aggraver la situation, Nicolas Garcia appelle à "changer de modèle touristique" avec l'aide de l'Etat. "Il faut passer aussi à une agro-écologie et une agro-foresterie pour stocker l'eau et le carbone", selon l'élu.