"C'est compliqué mais on est toujours là": le rédacteur en chef de Charlie Hebdo témoigne sur RMC

"C'est compliqué tous les ans, cette année d'autant plus". Ce mardi 7 janvier marque les 10 ans des attentats commis en 2015 qui ont visé la rédaction de Charlie Hebdo. Des terroristes ayant prêté allégence à Al-Qaïda ont tué à l'arme lourde les dessinateurs et journalistes de l'hebdomadaire satirique qui étaient réunis en conférence de rédaction ce matin-là. En sortant des locaux parisiens, les deux islamistes clamaient avoir "tué Charlie Hebdo" et vengé le "prophète Mahomet" qui est parfois caricaturé dans ce journal.
Mais 10 après, la revue existe encore, et Gérard Biard, rédacteur en chef, est venu témoigner de son état d'esprit à cette date de triste anniversaire.
"On est toujours là. Les deux terroristes n'ont pas tué Charlie Hebdo, on les a fait mentir. On exerce nos libertés", clame-t-il face à Apolline de Malherbe sur RMC.
"Une fois dans notre bunker on fait le journal comme on a toujours fait"
Il essaye avec ses collègues de continuer à faire vivre "l'esprit Charlie", avec l'humour toujours pour boussole. "C'est notre boulot de nous amuser, de rigoler ensemble. On fait un journal politique mais satirique, on est obligés de ne pas se laisser écraser par une pesanteur qu'elle qu'elle soit", explique-t-il, malgré leur travail qui est maintenant dans des locaux ultra sécurisés.
"Une fois dans notre bunker on fait le journal comme on a toujours fait. Des fois on débat, on s'engueule mais surtout on essaye d'éclater de rire et c'est ce qu'on essaye de transmettre au lecteur", détaille-t-il.
"Individualisme et susceptibilité pèsent sur les individus"
Il reconnaît toutefois que nous vivons dans une société "de plus en plus crispée".
"Beaucoup d'individualisme et de susceptibilités s'expriment et ça pèse sur les individus et sur les libertés fondamentales", regrette-t-il.
Il estime également, s'appuyant sur un sondage Ifop que Charlie hebdo publie cette semaine, qu'il y a une fracture générationnelle qui n'est pas nouvelle concernant les caricatures.
"Quand on va dans les lycées, les facs pour expliquer aux élèves ce que c'est que le dessin de presse et pourquoi c'est important. Quand on fait de la pédagogie: ils comprennent", nuance-t-il, avant de souligner un chiffre qui peut paraître étonnant relevé dans ce sondage.
"Quand on regarde dans le détail ce ne sont pas les catholiques, ni les musulmans qui sont les plus crispés sur la critique et l'attaque des religions ce sont les protestants. Ils ont une peut une image d'austérité qui fait que..." élude-t-il.