Chat en ligne Coco: "On réclame sa fermeture depuis 2013, c'est un site dangereux"

Le chat en ligne "Coco" pourrait être lié à l'agression mortelle subie par Philippe Coopman, à Grande-Synthe. Selon les déclarations des mis en causes rapportées par la procureure de Dunkerque vendredi, ils affirment avoir "fixé un rendez-vous" avec la victime "en se faisant passer pour une jeune fille mineure". Les suspects affirment également avoir "vérifié l'identité de la victime, notamment en "l'appelant et en entendant la sonnerie de son téléphone".
Pétition en ligne pour sa fermeture depuis 2016
Si ces éléments sont encore à confirmer par l'enquête, ce fait divers a remis en avant les critiques visant cette plateforme en ligne controversée. "C'est un site dangereux, n'importe quel utilisateur peut y accéder, sans aucun filtre et sans aucune modération", a expliqué Mathias Darmon, l'avocat de l'association Innocence en danger, dans la Matinale Week-end sur RMC. Ils réclament notamment sa fermeture depuis 2013 et une pétition est en ligne depuis 2016 et recueille actuellement 5.000 signatures.
"On peut se faire passer pour quelqu'un de 12 ans quand on en a 52. Il n'y a pas d'inscription. Il suffit de rentrer son pseudo, son sexe, son âge et code postal", explique Mathias Darmon
Le site est hébergé sur l'île de Guernesey
Selon Mathias Darmon, 850.000 utilisateurs se sont connectés en France à la plateforme en mars dernier, soit quasi le million. "Ils se revendiquent premier chat en France". L'avocat précise aussi que les autorités françaises ne peuvent pas forcément contrer ce site en ligne puisqu'il "appartient à une société bulgare depuis 2023 et est hébergé sur l'île anglo-normande de Guernesey, ce qui explique le "coco.gg" et non".fr".
Mathias Darmon souhaite qu'une meilleure prévention soit effectuée auprès des jeunes, public ciblé par ce genre de plateforme. "Il faut leur expliquer que les personnes y sont malveillantes et ont des pensées plus que condamnables. C'est un lieu d'échanges illicites" autour des "armes, stupéfiants et de la pédocriminalité", a-t-il rapporté.
Coco déjà epinglé pour des faits divers précédents
Plusieurs faits divers ont été liés au chat en ligne ces dernières années, comme cette histoire sordide de viols dans le Vaucluse. Un homme avait drogué son épouse pendant plus de 10 ans et proposait à des inconnus d'avoir des relations sexuelles avec elle via la plateforme Coco. 50 hommes seront jugés en septembre 2024 à Avignon pour cette affaire, dans le cadre d'un procès hors normes.
"Guets-apens homophobes"
SOS Homophobie réclame lui aussi la fermeture du site, dénoncant la multiplication "inquiétante" des "guets-apens homophobes" via le site Coco. Chris Levoisain, 24 ans, a raconté avoir été victime d'une agression après avoir fixé un rendez-vous avec un homme via le chat. Il s'est finalement retrouvé en face de trois hommes, qui lui ont "foncé dessus" en voiture, avait-t-il déclaré au micro de France Inter.
L'association Innocence en danger propose un accompagnement juridique et psychologique aux victimes d'infractions sexuelles. "On a souvent des délits de corruption de mineurs", explique Mathias Darmon.
Agression de Philippe: "Fausses informations", dénonce sa cousine
Dans la foulée des premiers éléments d'enquête concernant l'agression mortelle de Philippe, des rumeurs ont germé sur les réseaux sociaux, qualifiées de "fausses informations" par la cousine de la victime, Mélanie, qui a réclamé "respect" et "dignité", rapporte l'AFP.
Selon Amine Bensaber, qui se présente comme un très bon ami du frère Kelvyn, Philippe Coopman "était là au mauvais moment" et a croisé ses agresseurs "par hasard". "Une personne qui avait rendez-vous (via Cocoland) avec une fille" sur ce parking "a contacté" la famille, assure-t-il. "Elle va faire une déposition à la police." Un témoignage dont la procureure dit avoir été destinataire, mais qui reste "à vérifier".