Droit à l'avortement aux États-Unis: Frédérique Bel dénonce "un retour au Moyen-Âge"
"Ça me donne des frissons, tellement c'est dramatique." La comédienne Frédérique Bel est indignée après la récente fuite d'un projet de décision de la Cour suprême américaine. Celui-ci annule l'arrêt "Roe vs Wade" qui garantit le droit des Américaines à disposer de leur corps dans tout le pays, donc le droit à l'avortement, au nom du droit à la vie privée.
Engagée pour le droit à l'IVG, elle dit penser "à toutes les femmes qui ne vont pas vouloir garder leur enfant et qui vont être obligées d'avorter seules chez elles avec des aiguilles à tricoter ou des cintres."
"C'est terrible, on pensait que c'était une liberté acquise: c'est le résultat de la politique de Trump, avec tous le mépris et la mysogynie envers les femmes. C'est un retour au Moyen-Âge."
Les femmes les plus pauvres impactées
Le texte du projet de décision, s'il est enterriné, ferait revenir les États-Unis à la situation antérieure à l'arrêt "Roe vs Wade", et permettrait à un État qui le souhaiterait d'interdire l'IVG sur son territoire. La moitié des États américains pourraient le faire selon une étude du "Centre pour les droits reproductifs".
Cette victoire des conservateurs, majoritaires à la Cour suprême depuis Trump, impacterait d'abord "les femmes les plus pauvres" selon Frédérique Bel: "elles n'ont pas forcément l'argent pour aller se faire avorter ailleurs ni l'envie de faire un enfant si elles ne peuvent pas le nourrir."
Elle pense aussi aux femmes seules avec leurs bébés, qui n'ayant pu avorter "se retrouvent à devoir prendre quatre boulots pour pouvoir nourrir leur projéniture" ainsi "qu'aux victimes d'incestes, de viols, qui vont se retrouver avec des enfants non désirés."
Face à ces remises en question du droit à l'avortement, la comédienne estime qu'il est "terrible" que ce soit certaines femmes qui le remette en cause, en visant notamment la Maltaise Roberta Metsola, présidente du Parlement européen. Elle pointe ausi le rôle toujours important de la religion dans nos démocraties modernes et souhaite une véritable séparation entre l'État et les religions.
"Si les chattes pouvaient parler, je pense qu'elles diraient de les laisser tranquilles"
Après les manifestation "pro-vie" à Paris en 2014 et 2017, Frédérique Bel avait publié des photos artistiques montrant des bouts de son corps: "J'avais mis une bouche en cache-sexe et on m'avait demandé pourquoi? Parce qu'elle est en colère, elle a envie de parler. Si les chattes pouvaient parler, je pense qu'elles diraient de les laisser tranquilles", explique-t-elle.
Cette campagne sociale qu'elle avait lancé a permis aussi de faire passer le message féministre qu'elle porte de manière détournée: "avec le post d'une photo pseudo-érotisante, les hommes l'avaient beaucoup partagée et c'était une façon de contourner la misogynie en utilisant le pouvoir féminin et la féminité pour passer un message féministe."
Aux origines d'un engagement
La comédienne de "Qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu" explique que son engagement vient dès l'école, quand elle avait "accompagné une copine au planning familial". "Depuis, à chaque fois que quelqu'un avait envie de se faire avorter, on me demandait de les aider."
Face à elle, des proches, des "jeunes filles épleurées" qui ont failli voire leur vie basculer:
"Elles ont failli sacrifier leur destin, qui n'ont pas forcément envie de devoir arrêter leurs études, faire un enfant avec leur premier petit copain. Je me souviens du planning familial de Mâcon, ils m'y ont vu souvent."
Pour elle, ce droit doit être "inscrit dans la constitution", pour que les femmes puissent avoir le choix de faire ce qu'elles veulent de leur corps: "les gens votent pour élire des gens qui vont les rendre libre, pas pour réduire les libertés et réduire les femmes en un objet de reproduction."