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Abaya: un père en garde à vue à Clermont-Ferrand pour avoir menacé le proviseur de sa fille

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À Clermont-Ferrand, pour la deuxième fois de la semaine, un lycée a refusé l'accès à une jeune femme qui portait l'abaya. Jeudi, son père a téléphoné à l'établissement, proférant des menaces de mort envers le proviseur. Il a été placé en garde à vue.

L'interdiction des abayas à l'école a été validée par le Conseil d'État. La plus haute juridiction administrative française avait été saisie par l'association Action Droit des Musulmans qui demandait la suspension de cette mesure gouvernementale.

Malgré cette décision, la mesure reste très contestée. À Clermont, le père d'une lycéenne a été placé en garde à vue, après avoir menacé de mort le proviseur d'un établissement. Sa fille s'était vu refuser l'entrée au lycée lundi à la rentrée et à nouveau jeudi.

Pourtant, depuis la rentrée, l'interdiction du port de l'abaya n'avait pas fait de remous. Un climat "paisible", explique le proviseur de l'établissement au journal local La Montagne. Mais qui n'a pas duré. L'entrée du lycée a de nouveau été refusée à cette élève, venue habillée en abaya.

Une plainte déposée

Cette fois-ci, son père n'a pas attendu d'être reçu par le chef d'établissement. Il a téléphoné directement au lycée. Décrochent alors, tour à tour, un agent et un conseiller principal d'éducation. Et à chacun, le père menace de mort le proviseur.

Des menaces prises très au sérieux. L'Education nationale est alertée et une plainte est déposée. Le père de la lycéenne est placé en garde à vue.

L'homme est poursuivi pour "menace en vue d'intimidation d'une personne chargée d'une mission de service public", a précisé à l'AFP la procureure de la République de Clermont-Ferrand, Dominique Puechmaille. Le père de famille devrait faire l'objet d'une "convocation directe avec contrôle judiciaire", a ajouté la magistrate.

Rapidement, des soutiens se sont manifestés du côté du rectorat de Clermont-Ferrand, mais également, le ministre de l’Éducation Gabriel Attal qui a téléphoné directement au proviseur dans l'après-midi.

"Des menaces extrêmement choquantes" pour Gabriel Attal

"Ce sont des menaces qui sont extrêmement choquantes. J'ai eu hier le proviseur au téléphone. Je l'ai évidemment assuré de tout mon soutien, de celui du gouvernement, de l'Etat et plus globalement je crois de nos concitoyens face à ces menaces qui sont inadmissibles et inqualifiables", a déclaré le ministre de l'Education nationale Gabriel Attal, lors de l'inauguration du lycée Arnaud Beltrame de Meyzieu (Rhône).

Il a indiqué que le proviseur visé bénéficierait d'un "accompagnement constant en matière de sécurité: la police nationale sera à ses côtés" et d'un accompagnement juridique.

"Les équipes du lycée qui ont appliqué la loi en refusant l'entrée d'une élève en abaya ont reçu des menaces de mort et de décapitation (...) Que nous ayons ainsi des équipes de l'Education nationale qui doivent faire face à des menaces, surtout après ce que nous avons subi, qui vont jusque-là, est évidemment un point qui montre à quel point notre détermination et notre fermeté doivent être sans faille", a réagi à ses côtés le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez.

Il a précisé avoir déployé dans ce lycée des équipes régionales de sécurité constituées "afin d'assurer la sécurité de l'établissement, des agents, des lycéens".

Guillaume Descours Journaliste RMC