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Antisémitisme à l'université: "La cause palestinienne, c'est le nouveau Vietnam", juge le Crif

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Alors que les assises contre l'antisémitisme s'ouvrent ce jeudi 13 février avec comme toile de fond sa montée à l'université, le président du Crif, le Conseil représentatif des institutions juives de France, estime sur RMC que la cause palestinienne est dévoyée et est devenue "le nouveau Vietnam".

Les assises de la lutte contre l'antisémitisme s'ouvrent ce jeudi avec comme priorité l'université. Car depuis l'attaque terroriste du 7-Octobre 2023, les actes antisémites ont explosé et les universités de France sont particulièrement touchés. Dernièrement , c'est à l'université de Strasbourg qu'une enquête administrative a été ouverte après la découverte d'un "jeu de cartes" antisémite dont les auteurs seraient des membres de la branche locale du syndicat étudiant de droite UNI.

"Il y a une chappe de plomb qui est en train de se poser sur l'université française", alerte ce jeudi sur RMC et RMC Story Yonathan Arfi, le président du Crif, le Conseil représentatif des institutions juives de France. "L'université c'est un lieu qui se pense être un lieu de débat d'idée mais qui est devenu un lieu de sectarisme où des étudiants juifs sont harcelés et stigmatisés au nom d'un conflit qui se déroule à 4000 km", poursuit-il.

"Dévoiement de la cause palestinienne"

Conséquence, des étudiants juifs ne vont plus à l'université où choisissent de cacher leur religion par peur d'être ostracisés. "La menace ce n'est pas juste la condition des étudiants juifs, c'est la capacité de l'université à rester un lieu de pluralisme et non de sectarisme", s'inquiète Yonathan Arfi.

"Il y a une sorte d'hégémonie culturelle de la cause palestinienne qui est brandie comme un slogan par une génération, comme la cause du Vietnam il y a une dizaine d'années avec le Vietnam. C'est le nouveau Vietnam d'une certaine manière", estime le président du Crif.
Le choix d'Apolline : Yonathan Arfi - 13/02
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Pour Bruno Tertrais, spécialiste des questions internationales, "la cause palestinienne est devenue l'apogée du wokisme géopolitique, la cause parfaite qui réunit l'anti-occidentalisme, l'anti-colonialisme et l'anti-capitalisme", assure-t-il dans les colonnes du Figaro.

"Il y a un dévoiement de la cause palestinienne", abonde Yonathan Arfi. "Elle est instrumentalisée par des antisémites qui n'assument pas et se cachent derrière des discours liés au conflit israélo-palestinien". Il accuse l'extrême-gauche d'avoir fait de l'université un lieu du combat politique en "hystérisant le débat".

Une cinquantaine d'actes antisémite à l'université depuis 1 an

Aujourd'hui, l'antisémitisme serait même devenu "tendance", poursuit le président du Crif: "L'antisémitisme se cache derrière des discours progressistes et humanistes qui mobilisent. C'est l'un des dangers, désamorcer cet antisémitisme est beaucoup plus difficile".

Depuis plus d'un an, "360 signalements" d'incidents liés au conflit israélo-palestinien dont "une cinquantaine" identifiés comme antisémites, essentiellement des tags, ont été recensés déplore le ministre de l'Enseignement supérieur Philippe Baptiste qui appelle à la plus grande fermeté. Le ministère de l'éducation a publié hier soir les derniers chiffres: rien que pour les mois de septembre à novembre dernier, l’éducation nationale a recensé 477 actes antisémites (et 496 actes racistes).

Une proposition de loi contre l’antisémitisme à l’université doit être examinée à partir de la semaine prochaine au Sénat. Elle a le soutien du gouvernement.

G.D.