"C'est le retour de la femme au foyer": vers un "congé familial" d'un an rémunéré à 67%?

La ministre des Solidarités Aurore Bergé a annoncé ce mercredi la création en 2025 d'un "nouveau droit" pour les familles afin que les jeunes parents puissent s'arrêter de travailler pour garder leur bébé, tout en étant mieux indemnisés.
"Dès 2025, nous allons créer un nouveau droit pour les familles", a indiqué la ministre dans une interview publiée sur le site de L'Express. "Après le congé maternité et le congé paternité, les parents auront droit chacun à un congé familial, qu'ils pourront prendre en même temps ou l'un après l'autre, à temps plein ou à temps partiel", a-t-elle ajouté.
Surtout, promet la ministre, ce "congé familial" sera "bien mieux rémunéré" que le congé parental actuel, indemnisé à hauteur de 429 euros par mois.
L'allongement du congé maternité recommandé
Une annonce qui arrive en même temps que le dépôt d'un rapport parlementaire préconisant notamment un congé parental d'un an rémunéré à 67% du salaire. Ce rapport, présenté mercredi à la Délégation aux droits des enfants à l'Assemblée nationale par une députée PS et une élue Renaissance, propose de "permettre aux parents qui le souhaitent de prendre eux-mêmes en charge leur enfant plus longtemps et dans de bonnes conditions".
Il préconise d'allonger le congé maternité pour "atteindre 12 semaines après la naissance". Il recommande "un congé parental d'un an", partageable entre parents, "rémunéré à 67% du salaire antérieur" donc.
Une initiative qui fait douter Périco Légasse ce vendredi sur le plateau d'Estelle Midi: "C'est une formidable idée qui peut désastreuse si elle est mal conçue", juge-t-il, anticipant déjà un congé délaissé par les pères de famille. "C’est le retour de la femme au foyer. Dans 95% des cas, ce sera la femme qui prendra ce congé", assure Périco Légasse sur RMC et RMC Story.
Moins de 1% des pères prennent un congé parental
En juillet, peu après son entrée au gouvernement, la ministre des Solidarités Aurore Bergé avait appelé à "réfléchir" à "un congé parental plus court mais mieux indemnisé pour laisser un vrai choix aux familles", s'attirant une série de critiques quant à son éventuel raccourcissement.
Créé en 1977 et réformé à plusieurs reprises depuis, le congé parental permet aux parents de suspendre leur activité professionnelle jusqu'aux trois ans de l'enfant.
Réformé sous la présidence de François Hollande en 2014, le congé parental a vu son indemnité diminuer et sa durée réduite à deux ans s'il n'est pris que par un seul parent. La troisième année ne pouvait être prise que par l'autre parent. L'objectif était que 25% des pères le prennent.
Or, le taux de recours des pères n'a presque pas augmenté avec cette réforme: moins de 1% des pères le prennent, selon une étude de l'OFCE de 2021. Et le nombre de parents y recourant a chuté de 500.000 en 2013, à 246.000 en 2020, selon les chiffres du gouvernement.