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"J'en ai ras le-bol": les indépendantes enceintes lésées dans le paiement de leur congé maternité

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Les indépendantes enceintes se retrouvent souvent confrontées à des difficultés lors du paiement de leur congé maternité par l'Assurance maladie. Pour éviter des retards de paiement, la Fédération nationale des auto-entrepreneures réclame la mise en place d'un minimum maternité.

Eymeline est aujourd’hui salariée mais, pendant plus de 10 ans, elle a été patronne d’une petite entreprise dans la mode. L’année dernière, elle décide de changer de vie, à l’occasion d’un heureux événement: l’arrivée de son deuxième enfant. 

Pour l’occasion, Eymeline, encore indépendante, fait une demande de congé maternité. Pour profiter des premiers moments de vie de son bébé, elle demande à l’Assurance maladie de décaler une partie de son congé. On lui dit oui, puis on lui dit non. On lui demande ensuite des pièces complémentaires.

"Elle a 14 mois et je n'ai toujours rien"

Tout ça prend tellement de temps qu’Eymeline arrive au terme de sa grossesse. Elle doit alors être hospitalisée jusqu’à l’accouchement, car la situation du bébé est critique. Aujourd’hui, heureusement, tout le monde va bien. Sa petite a 14 mois mais Eymeline n’a pas encore vu le moindre centime de son congé maternité. Et pour cause, sa demande n’a jamais été validée.

"C'est compliqué. Quand on a failli perdre un bébé, qu'on est en stress, qu'on a 2 enfants, qu'on travaille, on n'est pas surhumain. Clairement j'en ai ras le-bol. Elle a 14 mois et je n'ai toujours rien. Il faut que ça se règle, c'est de l'argent, c'est un droit et je n'ai pas envie de lâcher cette fois-ci", peste-t-elle au micro de RMC.

Eymeline a refait une demande de congé maternité en septembre dernier, 7 mois après son accouchement, et n’a toujours aucune nouvelle.

Des centaines d'indépendantes lésées?

Et elle n’est pas la seule dans cette situation. En enquêtant, RMC a découvert que de nombreuses cheffes d’entreprise rencontrent des difficultés avec leur congé maternité. Un groupe Facebook a d’ailleurs été créé : "Indépendantes, enceintes et en colère". Il compte plus de 1000 membres.

Chaque mois, la Fédération nationale des auto-entrepreneurs reçoit une vingtaine de dossiers similaires à celui d’Eymeline. Selon Frédérique David, déléguée générale de la FNAE, il y a une profonde méconnaissance de la situation des indépendantes. Pour protéger toutes les femmes, elle propose la création d’un minimum maternité universel. 

"Malheureusement, ce stress financier gâche beaucoup de grossesses pour les indépendantes. Imaginez, vous êtes enceinte à 8 mois et vous n'avez plus de revenus, vous les aurez peut-être 10 mois après. Ce n'est pas possible dans un pays comme le nôtre", raconte-t-elle à RMC. "Ce minimum permettrait à quelqu'un, si le dossier mettait du temps à être traité, d'avoir au moins ce socle financier", ajoute Frédérique David.

La Fédération va relancer l’Elysée dans les prochains jours pour la création de ce minimum maternité. 

Une issue heureuse pour Eymeline

Alors d’abord, elle nous a assuré n’avoir jamais reçu la dernière demande de congé maternité d’Eymeline. Elle invitait notre auditrice à en faire une nouvelle, plus d’un an après la naissance. Malgré notre insistance, nous n’avions pas réussi à obtenir mieux.

Mais une heure après nos échanges avec l’organisme mardi soir, coup de théâtre ! Eymeline a été rappelée directement par la caisse de Paris dont elle dépend. Elle a reçu des excuses pour le délai de traitement de son dossier et a eu la bonne nouvelle : sa demande - introuvable une heure plus tôt - a finalement été validée. Notre auditrice devrait donc recevoir d’ici quelques jours autour de 9.000 euros.

Elise Denjean, Joanna Chabas et Amélie Rosique